Que cela fait du bien de voir des œuvres étranges où tout peut arriver et dont l’issue tout comme les tenants et les aboutissants sont impossibles à deviner en amont. « Time Share » fait partie de celles-là et on doit ce film au réalisateur du thriller à twists acclamé « L’Accusé » avec la star espagnole Mario Casas. Ici on entre en immersion en plein dans un immense club de vacances sur la côte mexicaine près de Cancun. Un complexe hôtelier gigantesque qui a changé de propriétaires il y a quelques années et qui prône le vivre ensemble fondu dans les vacances de rêves. Mais le prologue, qui nous montre deux scènes étranges, nous indique que l’on va s’éloigner d’une autre œuvre prenant place dans un complexe hôtelier : la succulente série « The White Lotus » qui analysait les relations humaines chez les nantis. Après cette entame pour le moins perturbante, les séquences bizarres mais réalistes (on n’entre jamais dans le fantastique) vont s’enchaîner en suivant d’un côté un couple en vacances et de l’autre un second couple qui travaille dans l’hôtel.
« Time Share » s’avère peu bavard et va préférer des vignettes alternant le caustique et l’incongru avec le malaise et l’étrange. Le fond de l’histoire recèle une critique de ces gigantesques resorts qui vantent un bonheur préfabriqué mais aussi une satire du consumérisme superficiel et futile des vacanciers. La charge est à la fois originale mais aussi chargée et pas toujours très fine. Elle fait néanmoins son petit effet. La folie qui va pénétrer les deux personnages principaux va nous gagner car on se demande tout le long le fin mot de l’histoire. En cela, malgré son rythme très lent voire contemplatif, le long-métrage nous intrigue voire presque nous hypnotise. Et c’est beaucoup grâce à la mise en scène léchée d’Hoffman qui nous fait penser à celle du danois Nicolas Winding Refn mélangée à celle d’un Haneke qui aurait pris des acides. Les plans sont très travaillés et les images sont belles, paradoxalement adaptées au contexte mais en opposition à l’ambiance de cauchemar ambiant vécu par les protagonistes.
Seulement, cette œuvre profondément originale aurait gagné à être moins opaque et hermétique. Hoffman fait parfois un peu le malin avec son script qui manque d’explications et laisse beaucoup de zones d’ombres qui pourraient frustrer certains spectateurs cartésiens. Même si on voit un peu où il veut en venir et qu’on devine plus ou moins le pourquoi du comment il demeure presque atone dans sa conclusion. A nous de nous faire notre propre interprétation avec les nombreux indices disséminés le long de l’histoire. « Time share » est donc une œuvre intelligente mais parfois un brin prétentieuse et trop sûre de ses effets. Il n’empêche, si on entre dans le délire (un peu comme le magistral « Le Menu ») on passe un bon moment de cinéma qui sort des sentiers battus.
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