Loin les face-à-face aliénants qui ont fait la spécialité de Brocka (Bona, Jaguar ou Insiang), la puissance de classe et domination est ici étendue à toute une ville, confite dans des rituels et hypocrisies contre lesquels vont se briser un lépreux, une folle et un jeune bourge en rupture de ban. Leur trio, leur alliance miraculeuse et fragile arrache les larmes. Ode sublime aux innocents et persécutés (Brocka avait travaillé deux ans dans une colonie de lépreux, il sait de quoi il parle), l’ancrage documentaire et le lyrisme opératique habituels au cinéaste y donnent leurs fruits les plus fous. Violons et scalpel, cruauté implacable et folle tendresse. Comment Brocka parvient-il à ça ? Il scrute les mécaniques de soumission comme des libidos, des serpents intérieurs (jamais comme un déterminisme), contre lesquels bataillent des êtres humains extraordinairement dignes, contradictoires, vivants.

LunaParke
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le 27 sept. 2023

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