Nous sommes en 1961, juste entre Tintin au Tibet et Les bijoux de la Castafiore. Ici donc, aucune question d'hommage, de synthèse, de tentative de reprise, puisque Hergé va bien et que son écriture avance normalement dans un long fleuve tranquille ; le moment idéal pour que Tintin s'illustre au cinéma, en vrai.
L'ouverture du film donne le ton ; Moulinsart très vert, le capitaine (joué par Georges Wilson, le père de Lambert) à l'accent Pagnol en train de roupiller au hamac, Nestor lui apportant la lettre, Tintin courant avec enthousiasme auprès que la lettre, qui annonce que l'amiral Thémistocle Paparanic, au nom plus Hergé tu meurs, vient justement de mourir. On aura compris le pitch, héritage, convoitise, mystère, Tintin classique quoi. Le scénario créé pour le film a des airs de Crabe aux pinces d'or, de Secret de la Licorne, avec un morceau d'Or noir bercé d'orientalisme. Les méchants véreux, les affrontements un peu trop dantesques (Tintin est Rambo en fait), le bon temps dans les rues d'Istanbul et le deus ex machina sont de la partie.
Le film est lent, beaucoup de silences entre les répliques, filmé presque avec les moyens du bord, et le seul le jeu d'acteur de Haddock (et de Charles Vanel) sortent du lot, et malgré les fonds verts flagrants, certains décors sont jolis. Il ne brille pas par sa forme et c'est dommage, mais cela lui donne un petit charme. Un côté Tintin amateur, qui s'illustre au cinéma pour montrer ce qu'il pourrait donner, pour prouver que ce qui ressemble le plus à Tintin, ce sont les seules et uniques BDs de Tintin, mais où les acteurs, ça se voient, se font plaisir et s'amusent comme sur scène. Le film est donc assez théâtral, aux scènes fixes, et il aurait gagné à être une pièce à part entière, toujours voulue par Hergé, souvent empêchée, jamais réalisée.
Mais la bande-son est géniale l'esprit pur et simple " Tintin & Milou " est rigolo, sympathique, c'est le mot. À voir quand on connaît assez Tintin pour s'attacher à cet aspect qui ne fait aucun mal, au contraire !