La vie d’Antoine (Gérard Lanvin) bascule le soir où Carine (Véronique Jeannot) l’embrasse sur le quai d’une gare de banlieue. Antoine ne le sait pas encore, mais ce simple au revoir sonnera comme des adieux. Antoine ne reverra plus Carine. Victime d’une agression violente dans le train de nuit, elle mourra sous les coups d’une bande de voyous. Dès lors, nous voici plongé dans un film de vengeance à la française, dont le fleuron restera «Le vieux fusil» de Robert Enrico sorti en 1975. Pourtant ce sous-genre cinématographique est plutôt réservé au cinéma américain. On se souvient du film de Sam Peckinpah, «Les chiens de paille» avec Dustin Hoffman ou la très manichéenne série «Le Justicier dans la ville» avec Charles Bronson. Après une scène d’agression à la limite du supportable, place à l’enquête judiciaire menée par un vieux briscard, l’inspecteur Gagnon (Michel Constantin), pressé par Antoine à faire la lumière sur cette sordide affaire. Evidemment la police piétine. Gérard Lanvin incarne un héros pathétique à deux facettes ; l’émotion et la force. L’émotion de la perte de l’être cher et la douleur du deuil, couplé au désir viscéral de se faire justice. Jean-Claude Messiaen («Ronde de nuit») filme un Paris by night gangréné par le vice, les vitrines des magasins en témoignent (Sex-shop, cinémas porno, Vidéoclubs X, prostitution), mais aussi par une violence urbaine exacerbée servant le parcours désespéré d’un homme devenu dangereux car il n’a plus rien à perdre.