Du western spaghetti à la sauce tomate qui tâche bien comme il faut... et qui fout quand même un sacré mal de casque, mais pas nécessairement pour les raisons avancées. "Se sei vivo spara" jouit d'une solide réputation en matière de western déviant et compte il est vrai un bon nombre de séquences bien dégueulasses, dont on se souviendra plus ou moins durablement (personnellement il m'en faut plus pour me choquer, et ce d'autant plus qu'à l'époque la couleur et la texture du faux sang n'étaient pas vraiment au point).
En revanche, beaucoup plus problématique, c'est la narration : un joyeux bordel monté à l'arrache, avec une quantité d'ellipses astronomique qui confère à certains enchaînements un petit (ou plutôt très gros) côté what the fuck qui peut être drôle sur le moment mais qui répété autant de fois finit par se faire vraiment lourd. C'est mon premier film réalisé par Giulio Questi et il donne l'impression d'avoir mélangé énormément d'ingrédients disparates, sans doute un peu trop pour que le final soit digeste. Dans la logique du spaghetti (précoce quand même, en 1967) les effets visuels sont très nombreux et l'histoire est assez chaotique — on comprend quand même bien que le personnage principal Django s'est fait entubé par ses complices suite à une braquage, et alors qu'il était laissé pour mort, il reviendra se venger. Problème : en arrivant dans un village, il découvre que quasiment tous ses complices ont été tués par les locaux, rendant difficile la localisation du magot. Suite à quoi plusieurs groupes antagonistes entendront mettre la main dessus avant les autres.
On aura droit à une séance de scalp opéré sur un Indien, à un Tomás Milián en simili crucifixion, à une horde de cavaliers vêtus de chemises noires, et une séquence particulière où l'on découvre des balles en or dans le corps d'un homme pas encore mort et sur lequel une foule se jette pour creuser les plaies et récupérer le précieux métal — une scène pour le coup assez réussie. Le reste est pour moi un peu trop bordélique, même s'il creuse un sillon psychédélique et horrifique plutôt rare à ma connaissance. "Straight to Hell" en 1987 en sera un remake moins trash mais tout autant débraillé. Ah, et il y a un perroquet alcoolique dans ce film. Très excessif mais agréablement original, si l'on ferme les yeux sur ses maladresses nombreuses.