Tire encore si tu peux par JJC
Giulio Questi est un cinéaste qui a assez peu réalisé. On lui doit notamment un chef-d’œuvre du giallo1 au titre étrange (ridicule pour certains) : La mort a pondu un œuf (1968). Avec ce western aux confins du surréalisme, incarné – voire désincarné – par un certain Tomas Milian, le réalisateur transalpin nous livre une boîte pleine de dynamite qui fera exploser toute forme de bon goût, de bienséance, de morale et même peut-être de bon sens.
Un métis que tout le monde appelle « L’étranger » vient d’être laissé pour mort par ses anciens complices, avec lesquels il a volé l’or d’un peloton de militaires. Sauvé et guéri par deux Indiens, « l’étranger » part pour un village dans lequel se sont rendus ses bourreaux pour se venger et récupérer le butin. Mais une fois parvenu là-bas, les habitants de ce patelin, au caractère peu commode, ont déjà fait la peau à tous ces bandits…
C’est la guerre, d’une certaine manière, que filme Giulio Questi. Ayant vécu lui-même la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses scènes semblent montrer, à travers le prisme du genre western, non seulement les horreurs de celle-ci, mais également de toutes les guerres. Une grande violence exercée par des personnages machiavéliques ou vicieux parcourt tout le métrage : mises à mort par pendaisons, fusillades nourries, explosions, tortures, chantage… Une scène explicite de scalp retiendra particulièrement l’attention, fort audacieuse pour 1967. Il est clair que Questi a voulu choquer, et il y parvient à merveille, même pour aujourd’hui.
1 : D’après Wikipédia : « Le giallo est un genre de film d'exploitation, principalement italien, à la frontière du cinéma policier, du cinéma d'horreur et de l'érotisme, qui a connu son heure de gloire dans les années 1960 à 1980. »
(Cette critique est parue dans le mensuel satirique liégeois "Le Poiscaille" en mars 2013) ( www.lepoiscaille.be )