Trouble Every Day par JJC
En France, Claire Denis est une des rares réalisatrices capables de faire des films qui soient subversifs à la fois sur le fond et sur la forme, ce qui n'est pas donné à tout le monde (voir à ce sujet l'excellent essai « Marginalité, sexualité et contrôle dans le cinéma français contemporain »1, qui analyse notamment un film de Claire Denis, à savoir : « J'ai pas sommeil »). Dans sa filmographie, on peut retenir « S'en fout la mort » (1990), « U.S. Go Home » (1994) ou encore, plus récemment, « White Material » (2009).
Shane, un chercheur américain, est en voyage de noce à Paris avec son épouse June. Il tente de prendre contact avec Léo, un médecin, qui pourrait le soulager d'un étrange mal dont il souffre, lié à sa libido. Par ailleurs, Coré, la femme de Léo, souffre de la même maladie que Shane, qui se traduit par un besoin d'ingestion de sang régulier...
Cette étrange maladie est au centre de ce film au rythme lent (voire lancinant) et au ton désespéré. Coré (saluons au passage l'interprétation « traumatisée » et traumatisante de Béatrice Dalle) est protégée par son mari qui lui fournit des amants en guise de proies afin qu'elle puisse se nourrir. La force de ce film est de mettre clairement en parallèle le vampirisme et la misère sexuelle, aux allures plutôt contemporaine. Rare et transgressif !
1 : BEUGNET, Martine, Paris, L'Harmattan, coll. Images Plurielles, 2000.
(Cet article est paru dans le mensuel satirique liégeois "Le Poiscaille" n°15 de novembre 2011,
voir www.lepoiscaille.be)
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