Entre installation d‘art contemporain, doc de « Strip-tease » et film de Tati ou de Iosseliani.

En résumé : Vous pourriez être embarqués même si ce n’est pas votre genre d’humour car même sans rire, il y a l’aspect contemplatif qui fonctionne aussi.

Je ne vous survends pas le truc niveau humour, vous n’allez pas vous taper sur les cuisses mais vous ne devriez pas passer un mauvais moment. Dans un monde où on zappe, scrolle et bouffe des images à gogo, il peut être bon de juste regarder le temps qui passe par la fenêtre.

Ce film nous réapprend à voir, le temps de 82 minutes, ce qui n’est pas trop long non plus.

C’est un peu décousu, on manque de contexte, mais c’est ce qui se passe quand on regarde à la fenêtre. On pourrait aussi en voir moins, en comprendre moins et que ça n’ait plus d’intérêt. Ce documentaire a le juste équilibre entre le mystère de ce qu’on ne saura jamais et de l’hsitoire que le montage arrive à créer.

Je vous assure qu’on peut se passionner pour l’histoire d’un trou dans la chaussée comme personnage principal de l’histoire.

La longue digression :

Quand je vois un film pareil, je déculpabilise de ne pas être bon public avec la plupart des comédies. Je sais que je ne suis plus fait pour elles.

En théorie je devrais être bon public, parce que je prétends avoir de l’humour et que je sais que j’aurais ri si je les avait vu enfant ou ado… Mais visiblement, je suis de plus en plus difficile. Je croyais avoir pété mon fusible de l’humour comme Cartman ou qu’en vieillissant, comme l’a dit John Cleese, on connaît malheureusement toutes les blagues. Peut-être pas. Peut-être qu’il me faut juste quelque chose de plus fin, pince sans rire, décalé, observateur et moins vous-allez-voir-comme-vous-allez-rire. Ou quelque chose de convenu mais qui me surprend par son origine (un autre pays, une autre culture, un sujet inattendu…). Ou quelque chose de plus basique et éternel comme un gag de chute. C’est triste à dire mais une vidéo de fails me fait, de temps en temps, plus rire qu’un sketch élaboré que je trouve poussif et qui me fait prendre en pitié l’acteur qui se donne beaucoup de mal, trop, et me semble en faire des caisses. Un peu comme le porno amateur face au porno industriel, plus banal et plus sincère mais plus excitant parce que plus vrai...

Au final, j’ai appris que si je riais moins, je ne savais surtout pas quand j’allais rire. Un film estampillé « Comédie » n’est plus une garantie. Ici, je ne l’ai pas vu venir.

Ce film ne me force pas la main, je l’aime pour ça. Il laisse presque les choses se faire seules. Je le montre aux amis de temps en temps et à chaque visionnage je peux circuler entre la mélancolie, la contemplation et le rire. Sauf le « Tishe ! » de la fin qui ne s’invente pas et me fait rire à chaque fois.

Comme dans une vidéo de fail, l’humour vient du réel et de sa dimension absurde.

La qualité d’un grand film, c’est de pouvoir proposer plusieurs lectures et émotions, en même temps ou à la suite. Avec le temps j’apprécie surtout l’humour dans des films qui ne sont pas des comédies ou qui ont un sous-texte sombre (To Be Or Not To Be) qui permet d’avoir peur autant que de rire (par exemple).

Ici nous avons le documentaire, le contemplatif, le mélancolique, le mystère, l’humour et l’absurde qui viennent se relayer. Et si parfois l’ennui pointe, il n’arrive jamais à s’installer. C’est donc un grand film à sa façon.

Vu 3 fois

8,5/10

_