SPOILERS
NE PAS LIRE SI VOUS NE L'AVEZ PAS VU
Un accident de voiture, une plaque en métal greffée dans le crâne, le titre TITANE écrit en lettres capitales hachurées de petites radiographies crâniennes: voilà une scène d'intro percutante qui nous fait entrer frontalement dans le vif du sujet.
On pourrait scinder le récit en deux parties, la deuxième aisément identifiable par l'introduction d'un atrabilaire Vincent Lindon. Alexia est une véritable énigme et sa dépersonnalisation constitue le gros point noir de la première partie du film. Pour être tout à fait clair: tout ce qu'elle fait ne revêt pas le moindre bon sens (jusqu'à sa rencontre avec Vincent). Ses choix sont pour le moins absurdes et surprenants. Pourquoi tuer ? Manifestement, elle ne tue ni par besoin ni par envie ni sous influence. La corrélation entre son attirance sexuelle envers la matière métallique et sa plaque de titane semble un peu trop facile. On devine très vite quel sera le climax et la conclusion du film dès lors qu'elle découvre son ventre arrondi. Du cambouis pour personnifier les sécrétions automobiles ? Pas mal, mais il faudrait tout de même ne pas trop en abuser. Alors que la première partie prenait une allure grand-guignolesque avec cette série de meurtres invraisemblables, vient la deuxième partie qui initie une accalmie dans la fuite effrénée d'Alexia et son changement d'apparence. Cette dernière se met enfin à réfléchir correctement et profite de son usurpation d'identité pour réaliser une introspection et voir en Vincent le père protecteur qui lui manquait. Outre leur étrange relation complémentaire, avec un père qui fera fi du mensonge pour pouvoir se reconstruire, on assiste impuissant à d'interminables scènes fortement dispensables: des scènes d'incendies pendant lesquelles on comprend que le cadre de la caserne de pompiers n'était qu'une façade pour se justifier de filmer des longues flammes léchant le plafond d'une maison ou ce feu de forêt nappant les arbres d'une fumée opaque à la clarté onirique. Ou cette scène ridicule d'un bal de pompiers virils, torses nus musclés, homophobie apparente.
La relation entre Vincent et Alexia constituera sans doute la meilleure chose de tout ce fatras, Alexia poussée même par son père de substitution à sauver une vie humaine. La naissance du petit être hybride nous contentera pas son aspect non ostentatoire mais laissera quand même un goût d'avortement dans ce film qui n'aura jamais achevé ce qu'il avait amorcé.