Un film qui aura sans nul doute bousculé ma tranquillité, sans pour autant éveiller ma conscience. J’ai traversé Titane avec cet élan singulier de curiosité et de circonspection.

Il va sans dire que dans la salle de cinéma, mes voisins et moi même avons dégusté suffisamment d’agressions visuelles pour les quelques semaines à venir.

En aparté, j’écris une pensée émue pour ce jeune garçon dans la salle qui aura visionné ce film au côté de sa très chère maman ce qui j’imagine n’a pas été un instant de plaisir, ni de décontraction pour lui... pauvre petite maman, elle pensait pouvoir emmener son chérubin voir la palme d’or, mais c’était sans compter sur ce film coup de poing que nous propose la quinzaine cette année !

En soit Titane est un film de genre que je trouve séduisant dans sa capacité à secouer, tant psychologiquement que physiologiquement. Il propose un contenu plutôt spectaculaire et gore, d’ailleurs ces éléments constituent selon moi les seules valeurs ajoutées du film, dans le panorama cinématographique français, d’aujourd’hui et de demain . Néanmoins pour reconnaître cette qualité au film, encore faut-il accepter l’abrutissement un peu barbare proposé parJulia Ducournau.

C’est une épreuve il faut le dire... mais si vous êtes un spectateur d’un naturel optimiste, cherchant le positif dans ce qu’il y a de plus insupportable, vous pourrez trouver quelques lettres de noblesses à cet machine grinçante et quelque peu incontrôlable.

Au cours du film, je suis forcé de constater que la réalisatrice tombe progressivement dans une schizophrénie certaine, à proposer du trash, pour palier à l’inconsistance de son scénario et de son propos. Tout au long du film je peine à déchiffrer l’utilité et la symbolique du titane en relation avec le scénario...
Finalement, le film traite de la question du genre, de la manière de construire son identité, ou plutôt de la déconstruire, mais sans pleinement exploiter les pistes amenées au cours de la narration.

La confrontation entre lindon et cet individu femme ou homme pourrait alimenter quelques propositions interessantes autour de l’amour par delà des barrières du conventionnel, notamment dans certains environnements masculins tels que les pompiers, mais ces thématiques sont effleurées en coup de vent, rapidement troublée par les scènes un peu tape à l’œil qui n’ont finalement rien à apporter au cœur du sujet.
Ce ressenti est assez dommage, on perçoit la volonté de proposer un message sous jacent au film, comme une petite élégance qui serait en fait le cœur du propos. Malheureusement ça ne prend pas à tous points de vus, les thématiques sociétales en apparence ultra subversives sont finalement ultra conventionnelles et aseptisées et pour ce qui est de la volonté d’apporter du travail symbolique à l’œuvre à travers des allégories, on appelle ça un flou artistique totale qui m’a laissé vaguement perdu.

On oscille entre trois phases dans cette ode à la violence.
Une première purement plastique : des bagnoles, du sexe, du gore... une démonstration de ce que le film peut nous proposer de plus dérangeant pour voir qui aura les tripes, de supporter voir un type se faire démantibuler la mâchoire par un tabouret en bois...

La seconde nous accorde un peu d’air et de calme dans ce monde de brute : j’ai cru l’espace d’un instant pouvoir reposer mon esprit et c’était vain...
La réalisatrice essaie de mettre en place la psychologie de Vincent Lindon (papa pompier) et d’Agathe Rousselle (madame Titane) pour éveiller quelques thématiques intéressantes telles que la relation père/enfant, l’acceptation du genre, la question des sexes, la quête d’identité, le rapport à l’amour etc... mais on sent tout de même que ces questions sont abordées de manière trop superflues et sont desservies par le bordel notoire que nous propose le film...

Très rapidement la troisième partie se résumera à du body horror toujours plus glauque et dérangeant. Le répit accordé était trop beau pour être espéré, on termine cette épopée sur une incarnation un peu grotesque de la vierge Marie version la Coline du crack un vendredi soir...

Finalement, je n’ai ni passé un bon moment devant ce film, ni un mauvais moment. Je conseillerai presque de jeter un coup d’œil à ce projet qui est une expérience plutôt amusante. Outre la trame qui n’est pas très valable, la capacité que ce film a à susciter le dégoût est déjà une preuve de l’une de ses qualités. Pour cela je conseillerai Titane pour le classer parmi les films plus absurdes que vous aurez eu l’occasion de visionner.

Mention spéciale à la bande son du film et aux deux scènes de transe dans la caserne pompier qui sont elles, parfaitement délicieuses.

Créée

le 24 août 2021

Modifiée

le 24 août 2021

Critique lue 136 fois

Critique lue 136 fois

D'autres avis sur Titane

Titane
Wlade
2

A tout déconstruire, rien ne reste

"Merci au jury de reconnaître avec ce prix le besoin avide et viscéral qu'on a d'un monde plus inclusif et plus fluide, d'appeler pour plus de diversité dans nos expériences au cinéma et dans nos...

le 12 mai 2023

210 j'aime

18

Titane
micktaylor78
7

De la haine à l'amour

Découvrir le deuxième long métrage de Julia Ducournau tout juste auréolé de la Palme d’Or à Cannes a forcément un impact sur son visionnage et l’attente que celui-ci peut susciter. Car si on...

le 20 juil. 2021

138 j'aime

42

Titane
AmarokMag
4

Metal Hurlant

Tout comme Grave, entrée en matière plus remarquée que véritablement remarquable, Titane le deuxième long métrage ultra-attendu de Julia Ducournau se faufile dans la catégorie des films “coups de...

le 18 juil. 2021

134 j'aime

8