Julia Ducournau propose avec Titane un second film qui affirme son statut de réalisatrice majeure du cinéma de genre français. Après Grave qui revoyait complètement les normes et limites du cinéma horrifique, Ducournau choisit d'aller encore plus loin pour emmener son spectateur au-delà de l'imaginable. Le film prend des directions très différentes au cours du récit tout en gardant un fil conducteur solide, preuve qu'il est amené par un bon scénario. Agathe Rousselle est splendide, tour à tour séductrice, vengeresse et fragile ; une belle révélation qui, je l'espère, sera perpétuée à travers d'autres projets. Vincent Lindon va là où l'on ne l'attend pas, entre stoïcité et sensibilité décuplée. La réalisation est d'une finesse sans nom, jamais intrusive ou malsaine par rapport à ce qu'elle raconte, la caméra s'efface pour laisser place au message transmis. La photo est impeccable et les touches d'humour dans les dialogues sont justement dosées pour ne pas tomber dans l'excès de sérieux et de prétention. Une Palme d'Or amplement mérité qui prouve le talent de Ducournau. Hâte de voir où elle nous emmènera pour son prochain long-métrage...