"Ça s'est passé il y a 84 ans, et je sens encore l'odeur de la peinture fraîche. Personne n'avait encore dormi dans les draps, la porcelaine n'avait encore jamais été utilisée. Le Titanic était surnommé... Le paquebot de rêve, et il l'était, il l'était vraiment..."
Monument du cinéma si bien encensé que moqué, s'est fait une petite beauté pour ses 25 ans. Toujours remarquable, l'expérience du grand écran n'est que plus épatante avec une qualité visuelle soignée pour nous offrir un vaste spectacle. Titanic de James Cameron signe effectivement un spectacle hallucinant, riche en détails et multiple dans ses genres. Nous y admirons alors un récit romantique d'une liberté folle, vantant brillamment la vie, mais ébranlé par le cataclysme glacial, traitant une partie digne du film d'horreur. Le tout évoluant dans une reconstitution incroyablement fidèle confortée par l'appui des historiens Ken Marschall et Don Lynch dans le projet.
La catastrophe
Alerte imminente, l'iceberg brise la coque et laisse peu à peu pénétrer l'eau au sein du paquebot, créant un enchaînement de panique, d'angoisse et d'horreur. Dans la lignée de Shining, les couloirs blancs sont tous identiques, labyrinthiques, on s'y perd pour retrouver son chemin vers la sortie ou vers son amour. Clin d'œil ou non, Rose se saisit d'une hache et délivre Jack avec conviction. Le paquebot semble déjà se constituer en vaisseau fantôme, espace hanté par les cris des passagers terrifiés qui cherchent à tout prix à survivre, les plus riches seront prioritaires tandis que l'autre partie se révoltera pour prendre un canot. La submersion en fait un élément horrifique majeur : passagers enfermés derrière les grilles, angoisse de l'eau qui progresse rapidement, lumières qui faiblissent et enfin la réalité des corps. Une réalité choquante recréée de façon authentique, le poids des corps qui se jettent du bateau et surtout qui lâchent d'épuisement, se heurtant avec violence contre le Titanic ou bien l'Atlantique. Puis il y a cette fin, océan calme mais devenu cimetière de statues figées et congelées. Glaçant dans le dos, le canot progresse dans une mise en scène somptueuse jouant des jeux de lumières, à la recherche de survivants, presque en vain...
La passion
Cette rencontre culte ancrée dans les esprits dépeint une histoire d'amour sincère entre Rose DeWitt et Jack Dawson. Kate Winslet et Leonardo DiCaprio en sont pour beaucoup, avec une incarnation véritablement naturelle au travers de leurs personnages. À la suite de son cri de crispation face à ses futilités de première classe, Rose se retrouve prête à faire le grand saut, non sans le troisième classe Jack qui invoque devoir la sauver si elle saute réellement.
"J'ai l'horrible impression d'être dans une pièce pleine de monde et j'ai beau hurler comme une folle, il n'y a personne qui se soucie de moi."
Depuis ce moment d'échange parlé, la connexion des cœurs s'est mise en route à l'image des chaudières battantes du Titanic afin d'arriver en avance et faire les gros titres. S'ensuit alors une série de discussions, des rires, de l'admiration pour l'artiste Jack. Bien qu'il soit d'une classe sociale bien inférieure, il parle hardiment et sait se comporter dans les grandes occasions luxueuses avec une répartie admirable, pour enfin faire découvrir les vraies festivités à Rose tandis que les autres se détectent de Brandy, de cigare et de politique. Danses exaltées, musiques rythmées, les gens dansent dans la joie et la bonne humeur (et la bière !), le spectateur ressent cette ambiance chaleureuse qui s'applique également à Rose qui prend plaisir à véritablement s'amuser. Cet "incident" sera reproché fortement à la jeune femme, au point de ne plus échanger avec Jack.
Mais l'amour prend le dessus, et nous offre de nouveau les scènes et répliques cultes. Sous le vent, les amoureux s'envolent, se caressent les mains et s'embrassent. Sous la lumière, les amoureux se contemplent, ce dessin sensuel baigné d'un regard passionnel. Et sous ce secret, les amoureux s'éploient avec tendresse, émanant de chaleur sous ce redoutable froid.
La vie
"Tu dois me faire cet honneur. À présent promets moi que tu vas survivre et que tu n'abandonneras jamais ; jamais. Même si ça a l'air sans espoir, promets-le moi maintenant ; et ne romps jamais cette promesse."
Dernière exaltation glaciale, Jack délivre une fois de plus son affection à la liberté, à la survie et à la vie, indéniable sauvé et sauveur de Rose, il lui légue ses reflexions. Son corps sans souffle est abandonné dans la douleur, au fond de l'océan et du cœur de Rose qui doit respecter sa promesse. Choc émotionnel, le sifflet vocifére son envie de vivre, elle y appose toutes ses dernières forces. Mener une longue vie, libre et indépendante comme en témoigne les photographies qu'elle emporte toujours avec elle, signe de sa promesse, souvenir de ce que lui a offert la vie. Finalement rejoindre le vaisseau fantôme où s'exhale un dernier souffle de vie, les passagers applaudissent l'amour qui a su attendre toute une vie avant de se retrouver.
Il serait bien entendu possible de bavarder plus longuement sur cette grande œuvre (musique, personnages, scènes et citations marquantes, la question du pouvoir, du chaos, des générations, etc.), mais les choses ont déjà été abordées en long et en travers dans nombre de critiques. J'ai donc voulu illustrer simplement mon émerveillement pour ce splendide film.