Des années après trois films aux réussites diverses, c’est le jeune réalisateur Kevin Munroe, spécialiste des animations de jeux vidéo, qui s’attèle à la tâche d’adapter les fameuses Tortues Ninja au cinéma pour une aventure entièrement en image de synthèse.
Bien qu’on peut considérer que l'histoire suive la chronologie des films précédents, elle reprend aussi beaucoup d'éléments de la série animée Teenage Mutant Ninja Turtles de 2003, que ce soit dans les personnalités des personnages ou dans l'utilisation de certains éléments comme le look du Footclan ou le personnage de Karai. Par ailleurs, les comédiens qui avaient participé à la VF de la série reprennent tous leurs rôles.
Cependant le réalisateur Kevin Munroe annonce qu’il ne s’agit, ni d’une suite aux films, ni d’une suite à la série animée, ni d’un vague remake de l'original. Ils ont choisi d'ouvrir un nouveau chapitre dans la saga des Tortues, en se focalisant davantage sur chacun des héros et en mettant l'accent sur leur vie familiale.
TMNT sort au début de l’année 2007.
Kevin Munroe a choisi d’instaurer une ambiance qui s’éloigne du dessin animé et colle en peu plus à l’esprit du comics originel, plus gothique. Une excellente chose, mais qui va entrainer l’apparition du plus gros dilemme de ce film : sa classification. Nous verrons cela plus loin.
Le film doit aussi séduire la jeune génération, coutumière de l’image de synthèse et élevée aux films Pixar. Cette technologie sied bien aux Tortues Ninja. Elles y semblent plus à l’aise dans leur carapace qu’à l’époque des lourdes combinaisons en latex des films précédents : plus souples, plus dynamiques et surtout plus convaincantes. Mais malgré les qualités techniques, malgré les scènes d’actions réglées par des spécialistes hong-kongais, malgré le respect du cahier des charges de la franchise et malgré un beau combat entre Leonardo et Raphael, le film ne surpasse jamais le formatage dont ce type de production est souvent la victime.
C’est pour cela, qu’au final (l’ambiance plus proche du comics et l’idée de plaire à la jeune génération), on peut se demander quel est le public ciblé par les producteurs ? Une ambiance sérieuse voire grave côtoyant des méchants un peu trop cartoon et une morale puérile. On ne sait plus trop sur quel pied danser. A trop s’éparpiller sur sa thématique, Kevin Munroe s’égare un peu mais heureusement, à aucun moment, il ne perd définitivement pied.
L’utilisation des images de synthèse va surtout servir à donner encore un autre visage aux Tortues Ninja. Depuis plus de vingt ans, les tortues sont les jouets les plus vendus dans plusieurs régions des États-Unis, ainsi qu'en Europe, en Australie et dans certains pays d'Asie. Leurs séries animées connaissent également une grande popularité et leurs comics sont cultes, ce qui permet de vendre de nombreux jouets. En apportant aux fans quelque chose d'inédit, une nouvelle gamme de jouet va pouvoir voir le jour.
TMNT est un mélange à l'équilibre très fragile, ce qui fait que personne n’y adhérera complètement, tous en y trouvant des satisfactions. Parfois trop adulte pour les plus jeunes, parfois trop puéril pour les plus grands, le film s’égare un peu dans sa thématique, mais se rattrape par une débauche d’énergie communicative. La maitrise technique achève de faire entrer ce quatrième volet des aventures des plus célèbres tortues mutantes de la planète dans la petite cours des adaptations de comics réussies.