Fly me to the Moon aimerait entrelacer le vrai et le faux par la relation perturbée d’un homme directeur du programme spatial Apollo 11 de la Nasa et d’une femme spécialisée dans le marketing, le premier défini par sa rigueur et son professionnalisme, la seconde par sa séduction et les différents masques empêchant de connaître son véritable visage. Soit le choix du mélodrame à finalités historique, politique et philosophique. Le résultat consterne tant le duo n’atteste à l’écran aucune complicité et échoue à diffuser un charme que revendique pourtant l’esthétique du film, volontiers léchée et vintage – montage vif, chansons rétro, costumes empruntés aux modes des années 60, photographie soignée du Polonais Dariusz Wolski, partition musicale alerte que signe l’Anglais Daniel Pemberton. Scarlett Johansson et Channing Tatum ne disposent d’aucune alchimie, si bien que leur romance, volontiers stéréotypée, demeure de l’ordre de l’intention. Les autres comédiens sont bouffis, déformés par la caricature. Pour compenser ce déficit, le récit emprunte des tunnels de dialogues tout à la fois convenus et explicites, qui clarifient jusqu’à déformer la complexité des intérêts contradictoires et incompatibles en jeu dans cette course à la Lune. L’ennui s’installe durablement la première heure durant, avant de disparaître peu à peu au profit d’une synthèse de la conquête lunaire pour élèves de premier cycle.
Le seul intérêt réside dans le redoublement final des véritables images par la mise en scène en studio, occasionnant un brouillage des repères qui exhibe l’interdépendance du hard power et du soft power dans la construction de l’hégémonie américaine. Autrement dit, le long métrage commence quand il se termine.