Produit par Scarlett Johansson, qui tient également le rôle principal auprès de Channing Tatum, To the Moon est une comédie romantique basée sur des faits historiques, puisqu'il s'agit ici de la mission Apollo 11. C'est donc une comédie romantique et une comédie romantique des plus classiques, où deux amants potentiels se rapprochent l'un de l'autre, bien qu’au début de l’histoire des obstacles apparemment rédhibitoires les éloignent. Le film alterne entre scènes comiques et moments plus émouvants ... et se conclut bien sûr, sur une fin heureuse.
Nous sommes donc dans les années 60 et on va suivre une publicitaire Kelly Jones (Scarlett Johansson) spécialisée dans le marketing. Elle se fait appeler Kelly Jones, mais on va très vite découvrir qu'elle n'est pas vraiment celle qu'elle prétend être. En fait, c'est une arnaqueuse et une bonimenteuse absolue, qui passe d'une identité à une autre pour échapper au gouvernement, à la manière de Leonardo DiCaprio dans Arrête-moi si tu peux. Elle est recrutée par Mo (Woody Harrelson) un homme du président Nixon qui veut promouvoir la mission Apollo 11 auprès des américains. Il faut faire oublier la guerre du Vietnam et redonner un sentiment de fierté aux américains. Pour cela, Kelly est envoyée à la NASA où elle va rencontrer le directeur de la mission Cole Davis (Channing Tatum) dont elle va tomber amoureuse. Mais comédie romantique oblige, un obstacle va se dresser entre les deux potentiels amoureux, voire même plusieurs obstacles, puisqu'elle va marcher sur mes plates-bandes de Cole et risquer d'entraver sa mission.
To the Moon est un film qui n'est pas dénué de certaines qualités, mais qui a aussi pas mal de défauts, à commencer par la prévisibilité de l'ensemble qui est peut-être à mettre au compte du genre auquel il appartient. Mais plus que tout, il y a un problème de casting avec un Channing Tatum visiblement pas du tout à l'aise dans son rôle. Il y a zéro alchimie avec sa partenaire Scarlett Johansson et le coup de foudre dès le premier regard est difficile à croire. Qui plus est, il n'est pas aidé avec sa coupe ridicule, son pull jaune poussin hideux qui laisse entrevoir son Marcel blanc et un fond de teint étalé en pâtée qui cache difficilement son âge. Cette romance où les opposés s'attirent est assez galvaudée et datée, au final.
De plus, l'aspect comique de la comédie romantique ne fonctionne qu'à moitié. Il y a un côté screwball comedy qui ne fonctionne pas vraiment, notamment avec le gag récurent impliquant un chat, un peu comme dans L'Impossible Monsieur Bébé avec le léopard. Par contre, l'apport des deux comédiens Jim Rash et Ray Romano est indéniable. Jim Rash est vraiment très drôle en réalisateur de pub qui se prend pour l’égal d'un Kubrick. Quant à Ray Romano, son personnage est touchant, il est l'un des rares acteurs du film qui joue avec sobriété, sans en faire des tonnes ... et ça, ça fait du bien milieu de ce surjeu général qui englobe le film.
Le scénario qui tourne autour de la théorie du complot est plutôt intéressante et suffisamment bien exploitée, même si ça aurait pu être encore mieux exploitée. Pour résumer, certains prétendaient que l'alunissage aurait été tournée en studio et même que ce serait Stanley Kubrick qui l'aurait réalisé. En parallèle de la romance, on voit donc cette tentative de tourner un faux alunissage dans des studios, au sein même de la NASA. On voit les deux aspects de l'Amérique, celle d'un gouvernement qui ment aux américains pour leur vendre la course à l'espace contre les soviétiques et pour leur faire oublier la guerre au Vietnam et celle qui nous fait rêver en envoyant des américains sur la Lune (aka The American Dream). Alors certes, toute cette réflexion n'est pas très poussée, mais c'est plutôt appréciable et peu commun d'avoir une critique de l'Amérique dans une comédie légère et surtout faite par les américains eux-mêmes.
Bref, To the Moon est un film qui a du mal à jouer sur les deux tableaux, sur la comédie romantique et sur la théorie du complot. Il jongle donc entre un ton léger et un ton plus sérieux, sans totalement nous convaincre. Après, la réalisation est propre avec notamment de jolies séquences en split-screen et Scarlett Johansson est décidément toujours aussi belle. Le film n’est pas désagréable à suivre, la critique de l'Amérique et la théorie du complot ont le mérite d'apporter un peu d'originalité à cette comédie romantique qui, somme toute, est assez stéréotypée, mais le pauvre Channing Tatum est complètement hors-sujet et ça a gâché mon plaisir, je dois le dire !