Il y a deux rebondissements dans ce petit film allemand qui n’est pourtant pas un thriller mais plutôt une chronique de couple entre drame et comédie. Un premier au tout début et un second à la toute fin. Les deux sont surprenants et inattendus mais si celui qui inaugure le long-métrage rebat vraiment les cartes et permet à « Toi, lui, elle et nous » d’être bien plus original qu’il n’y parait, le deuxième apparaît inutile voire superficiel. Cependant, il ne gâchera pas le plaisir qu’on a pris à visionner ce petit film de plateforme à priori insignifiant et trivial mais qui se révèle bien plus profond et pertinent qu’il n’y paraît. Une œuvre en forme de huis-clos où deux couples partent en weekend mais qui va nous surprendre en évoquant des sujets tels que l’amour, le couple, la maternité ou le libertinage de manière éminemment contemporaine et avec beaucoup de tact. De justesse et d’acuité.
Il faut, en outre, noter que le réalisateur Florian Gottschick emmène son film visuellement plus loin que ce que l’on aurait pensé. En effet, ce qui pourrait ressembler à un petit téléfilm de luxe ou à une pièce de théâtre filmée - par le côté huis-clos dans une maison durant tout le film ou presque - est ici bien plus raffiné dans sa réalisation et ses idées de mise en scène que prévu. Sans que ce soit prétentieux ou ostentatoire, par le biais de petits travellings ou d’angles de vue bien ciblés, il éloigne « Toi, lui, elle et nous » du tout-venant et l’emmène vers quelque chose de plus appliqué et raffiné. On peut aussi parler de l’utilisation du split-screen qui est ici parfaitement justifiée, notamment lors d’une des plus belles et fortes séquences du film, celle des regards. Un moment en apesanteur, presque envoûtant, où les acteurs peuvent exprimer beaucoup sans parler. Et il faut avouer que la bande originale est très belle et en phase avec les scènes qu’elle enrobe.
Dans ce type de film qui tente de donner des clés de compréhension sur le couple d’aujourd’hui en nous gratifiant de quelques banalités mais aussi de réflexions pointues et fortes, il fallait que les acteurs soient à la hauteur. Et le casting est en parfaite osmose, au diapason. Tous les quatre ne se tirent jamais la couverture. Ils ne font qu’un et sont tous impeccables dans leur jeu. On regrettera quelques traces d’humour un peu lourd (la scène du vomi par exemple, inutile) mais contrebalancées par de jolis moments de tendresse et d’émotion. On défie quiconque de deviner comment ce marivaudage à l’allemande va terminer et on est satisfait de l’épilogue qui évite le happy-end parfait. En somme, « Toi, lui, elle et nous » est une très belle surprise qui mérite d’être vue et réserve plein moments simples, vrais et étonnants dans lesquels on peut tous se retrouver. Une chronique surprenante et attachante en plus d’être totalement en phase avec son temps.
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