Tel fait chier qui croyait faire rire..

Voici un navet qui, sur le moment, se laisse regarder ; on souffle, on geint, on fait "non" de la tête, on se marre très occasionnellement (presque toujours aux dépends du film et non avec lui)... mais on tient bon, vas savoir pourquoi ! Lorsque le générique de fin apparaît cependant, on se sent floué. Je ne vais pas m'étendre inutilement sur une analyse complète, mais deux points méritent que je m'y attarde.

1) Paroxysme de la banalité

Si d'aventure, vous rencontriez quelqu'un qui ne connaisse pas le mot "banalité" (un espagnol nommé Pablo, par exemple), mais qui serait trop feignant pour en lire la définition dans le dictionnaire (car c'est un livre après tout), ce film est l'équivalent en vidéo d'une longue, très longue définition et même incarnation de la banalité. Faites-lui voir, n'hésitez pas ! Il le vaut, et même le mérite bien, ce con.

Chaque instant évoquera sans nul doute à l'un des spectateurs l'un des milliards de moments inutiles, inintéressants et, le plus souvent, pénibles de sa vie de tous les jours, notamment en couple malheureux et en famille mal ajustée. Vous savez, ces moments-mêmes que votre cerveau efface régulièrement, dans son perpétuel effort pour garder de la place dans votre mémoire pour des choses moins déprimantes ? Vous apprécierez certainement de les retrouver, non ?!

2) Une réalisatrice qui arrive à faire jouer FAUX Marion Cotillard... ;-o

Et oui, c'est le plus grand problème de ce film : il ambitionne clairement de parodier des choses fausses et chiantes, incarnées assez habilement et, parfois, de façon souriante dans les nombreuses scénettes parodiant l'art du roman-photo-fleuve à l'eau de rose... Seulement, il ne se prend que trop bien à ce petit jeu, au point qu'il finit par s'approprier et nous faire subir au premier dégré toute la fausseté, la superficialité et l'absence totale d'intérêt qu'il croyait tourner en dérision.

L'aspect le plus frappant de ce défaut réside bien sûr dans le jeu des acteurs et, il ne saurait en aucun cas en être autrement dans la mesure où ça arrive à affecter une excellente actrice comme Marion Cotillard, la direction d'acteurs. AB Productions a connu des scènes mieux jouées et plus crédibles que ce qu'on nous fait endurer tout au long de ce film, et je ne parle plus ici des scénettes délibérément cucul, mais bien du gros du film.

Le mec qui joue le soliste-beau-gosse-ténébreux-qui-se-la-raconte-profond-et-les-fait-toutes-mouiller est hallucinant à cet égard : ce n'est pas juste qu'il donne l'impression de réciter platement et gauchement, à l'instar de la famille Depardieu (Julie loin devant le père et le fils au carré, dans ce film), ce serait du grand art comparé à ce qu'il nous donne. Non, ce monsieur commet le tour de force un niveau au-dessus dans l'anti-jeu : il ne récite pas, il LIT, et il lit MAL. Souvenez-vous, en 6ème, lorsque le prof demandait au dyslexique du dernier rang de lire à haute voix un passage de Molière... "Je... neuh-peux... pas. ... vous... dire-un. ... m-m-m... mot." Ouais, il y a quelque chose de cet ordre-là dans le jeu de ce mec dans ce film. Sa diction est telle qu'on a en quasi-permanence l'impression qu'il ne pige pas un broque de ce qu'il dit, quand déjà il arrive à le dire.

Et oui, même Marion Cotillard arrive à jouer faux, ici (sans doute la preuve ultime de son très grand talent d'actrice, car pour elle au moins, jouer faux EST un rôle de COMPOSITION).

Voilà, voilà. Bon film et bonne nuit ! ^_^