Juste deux mots pour dire le bien que j'ai pensé de "Tokyo family" , remake récent (2013) du classique "Tokyo Story" de Ozu. Ce petit film raconte donc la même histoire de la visite des grands-parents à leurs enfants éloignés en grande métropole.
Ce film est un hommage réussi au grand réalisateur japonais, reprenant la trame de Tokyo Story, mais aussi le style de Ozu, avec ses plans séquences, sa caméra près du sol, et même son habituelle opposition tradition/ modernité , ici par exemple entre l’île de Kosaki et la grande métropole de Tokyo. Yôji Yamada prend heureusement quelques libertés avec son illustre modèle, proposant ici un personnage attachant, le plus jeune fils, rebelle mal compris au sein de cette famille standard très formatée. le rôle de sa jeune fiancée est un ajout qui va très bien dans le ton du film.
Le malentendu des générations est traité ici de manière plus subtile que chez Ozu, je trouve, car allant davantage de soi, je suppose. Le fossé est grand entre le père et son plus jeune fils, mais il est aussi plus évident pour nous spectateur/ trice, et a moins besoin d’être "mis en scène" que dans le passé. On se concentrera davantage sur les sentiments de la mère également, et moins sur l'alcoolisme du père (autre scène mythique reprise ici), un rééquilibrage bienvenu qui place bien le film dans notre modernité et non dans la recréation d'une époque plus théâtrale.
On retrouvera le même crève-cœur, les mêmes hypocrisies, les mêmes moments de joie, mais davantage en demi-teinte, de façon presque plus apaisée , si cela est possible. En cela, au delà de l'hommage, Tokyo Family tient bien son propre terrain et gagne notre intérêt par ses propres mérites, en raison aussi au récit intemporel qu'il nous déroule. On le suit avec grand plaisir, partageant des émotions sincères avec cette famille japonaise. Je vous le recommande sans souci, avec ou sans Ozu!