Ce qui m'a frappé directement avec Tokyo Fist, comme dans la plupart des films de Shinya, c'est cette incroyable maitrise visuelle.
Bouger sa caméra dans tous les sens sans donner la gerbe, modifier les plans, la vitesse et les couleurs en permanence avec perfection, balancer des effets d'enfer pour accentuer certaines scènes et faire ressentir au spectateur leur impact psychologique à la place du personnage. Quand Kojima rigole avec cette teinte bleuâtre et cet effet de mouvement, il le transpose directement comme un véritable démon. Les combats de boxes transpirent également la rage profonde avec tout un tas de détails poignants.
De ce coté là, Tokyo Fist est un coup de poing dans la gueule, avec une ambiance de timbré extrêmement bien rendue.
Les acteurs sont tous hallucinants de crédibilités, surtout Shinya qui joue une nouvelle fois dans son film : qu'il soit désorienté, exténué, rempli de rage et de tristesse, il explose à l'écran alors qu'il possède pourtant une bouille sympathique à la base.
Là où j'ai moins accroché c'est au niveau du scénario épileptique proposé qui ne débouche sur pas grand chose tout en tournant en rond, avec une fin abrupte et frustrante. C'est simple, il n'y a quasiment aucun message dans cette finalité, c'est bestial, point.
Cela-dit, en creusant un peu, car le film ne nous donne aucune explication véritable, j'ai apprécié cet espèce de triangle amoureux pertinent : Shinya qui représente l'homme frustré et trop attentionné, sa fiancée qui l'est également et qui cherchera chez Kojima, la violence, la "bête" qui s'absente de plus en plus de l'homme moderne représenté par Shinya lui-même.
Ce dernier, comme sa femme qui passera de la jeune fille sympathique à une harpie se mutilant par des piercing et un tatouage, plongeront dans un univers glauque et violent pour se "mettre au niveau" de l'origine de l'homme, représentée par Kojima le boxeur : une bête, incarnant la virilité et la violence encore une fois.
C'est pas mal vu et j'y vois un parallèle pertinent avec l'humain moderne, qui n'arrive jamais (ou rarement) à trouver l'équilibre entre les deux, notamment au niveau d'un couple. Ne pas être assez viril et attentionné à la fois et être trop faible ou trop violent, et la femme qui a tendance à être influencé et à s'auto-détruire lorsqu'elle aime quelqu'un, au point de devenir une autre personne.
Tokyo Fist est donc un film "coup de poing", mais j'aurais aimé plus de développement et moins de gratuité scénaristique et une fin plus approfondie, même si l'on se doute du destin de Shinya, mais évidemment je n'en dirais pas plus.
(Salut Fight Club au passage)