Un conte de Noël par Satoshi Kon, forcément ce ne sera pas une histoire comme les autres !
On narre ici la quête d'un groupe de trois vagabonds urbains lorsqu'ils découvrent, au détour d'une ruelle crasseuse en faisant les poubelles, un bébé abandonné parmi les ordures. Dans le froid glacial de Tokyo à la veille de Noël, et armés de maigres indices laissés avec l'enfant, ils se mettent à la recherche des parents...
Derrière cette trame principale qui lui donne des apparences de film pour enfants (dessin animé sur le thème de Noël oblige), le film aborde des thématiques en réalité assez adultes et pose des questions de société qui sont chères au réalisateur.
Tout cela sous forme d'un récit à la Satoshi Kon ; bien que l'entièreté de l'action prenne place durant Noël, c'est une véritable ribambelle de freaks du monde de la nuit que le réalisateur nous présente. On y verra donc le faste d'une soirée de mariage dans la mafia qui tourne mal, les habitants des bas-fonds pauvres de la mégacité de Tokyo, l'étonnant univers des travestis...
Au fil de l'histoire, le passé des personnages principaux se révèle peu à peu et on comprend par quels dysfonctionnements de la société se sont-ils retrouvés à la rue. Ici, Satoshi Kon nous interroge sur la brutalité des échanges sociaux et à quelle vitesse peuvent se retrouver exclu-es celles et ceux qui ne rentrent pas (ou plus) dans le moule d'une société ultra-codifiée (ici la société japonaise, mais c'est transposable partout). Cependant, la psychologie complexe des personnages évite au film de tomber dans le misérabilisme, et tout cela sonne relativement juste.
On rit pas mal, parfois un peu jaune, sur le quotidien difficile et saugrenu de ces itinérants mal léchés. Le "couple" formé par Gin et Hana ressemble à une version parodique et très caustique du couple biblique Joseph-Vierge Marie (ici, un travesti... vierge bien malgré lui !), accueillant au sein de leur "famille" Kiyoko, comme le serait l'enfant Jésus. Miyuki, la jeune fugueuse qu'ils ont pris sous leur aile, agit comme le cerveau du groupe et régule les frasques des deux autres compères.
Bien sûr, le côté "film de Noël" rend possibles quelques miracles, rencontres inopinées et monstrueux coups de bol ! :-)
Ainsi, "tout est bien qui finit à peu près bien" pour les différents protagonistes.
Mais au final, ce film un peu inclassable risque de désarçonner le public à la recherche des "good vibes" d'un film de Noël, de par sa violence à la fois littérale et figurée. Il est de toute façon à part dans la filmographie de Satoshi Kon, car il reste un conte de Noël, mais au goût un peu amer.
Moi j'ai bien aimé, tout en trouvant que le film n'est pas sans certaines longueurs qui en plombent un peu le rythme.