Un noyau d'inquiétudes
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"Tout va très bien, Madame la Marquise...". Dès son ouverture sur cette chanson très drôle et gorgée d'ironie délicieuse, Tokyo Shaking donne le ton (ou plutôt, le "la") : pas question de faire un film catastrophe plombant et trop sérieux (malgré ce que cette affreuse affiche voudrait faire croire). Non, vous ne verrez pas une resucée de l'excellente série Chernobyl. Le film veut avant tout montrer les mensonges éhontés qui ont été servis lors de la catastrophe de Fukushima en 2011, et l'ineptie du sacrifice commun dans la plus grande docilité et en silence ("pour l'honneur") du peuple japonais. "C'est une autre culture", dira-t-on, mais on sent une telle souffrance sous ces mines impassibles, que l'on a vite pitié de ce sens du sacrifice forcé. L'actrice Yuri Narita, présente lors de ce festival de cinéma d'Alès avec le réalisateur Olivier Peyon, nous a ainsi décrit son expérience de l'événement tragique, et il était impossible de ne pas sentir son cœur se serrer devant pareil discours, pire que ce que l'on voit à l'écran (une culture étouffante qui a fini de la convaincre de s'installer en France). Karin Viard est brillante dans le rôle de la bonne employée qui veut jusqu'au bout terminer son travail malgré le danger, mettant peu à peu en danger sa famille, et les seconds rôles, que cela soit côté "casting français" ou "casting japonais", sont très convaincants. Un soupçon d'humour vient alléger le climat catastrophe du film, surtout lorsque le voisin "pas de panique, c'est rien" se pointe avec sa bonne mine rassurante alors que tout explose à travers le pays... On ne sera pas étonné d'apprendre que le Japon a refusé de donner n'importe quelle image et document d'archives pour faire le film (les images que l'on voit sont soit des vidéos de particuliers, soit des reconstitutions), que le tournage au Japon s'est fait sous étroite surveillance et que le pays a évidemment décliné l'offre de distribution de Tokyo Shaking sur leur territoire. Tant pis pour eux, nous on oscille entre le rire et le frisson devant ce qui reste une catastrophe monumentale aggravée par les mensonges d’État... "Tout va très bien, tout va très bieeeeen..."
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Créée
le 21 juin 2021
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