Il fallait le faire, quand même : réussir un film aussi parfaitement anecdotique avec un sujet et une distribution semblables ! Chapeau. Tout le long, j'ai eu l'impression diffuse de l'avoir déjà vu, et, de fait, à la toute fin, ça s'est transformé en certitude, alors que je n'oublie quasiment jamais aucun film. De ce point de vue là, la réussite est totale : le camouflage d'une œuvre derrière une histoire si superficielle et sans aspérités qu'elle peine à trouver sa place entre deux neurones. Le prétexte est pourtant assez intéressant : le bras-de-fer entre un doctrinaire extrémiste et une hystérique théâtrale en diable pour déterminer qui héritera des droits sur l’œuvre de Tolstoï, vieux papy débonnaire et fatigué, tiraillé entre son ambition de se hisser jusqu'au statut d’icône nationale et l'envie d'avoir juste la paix, à la toute fin de sa vie. Or des tas de gens avides gravitent autour de lui, attirés par une œuvre souvent plus grande que son auteur. Cette dichotomie-là aurait pu être fertile. A la place, l'histoire lui préfère les scènes de ménage usantes d'une Ellen Mirren en roue libre, à la limite du burlesque, et l'éducation sentimentale d'un jeune idéaliste cantonné au rôle de témoin du drame qui se joue. Bref, ça aurait pu être bien, c'est juste fadasse.