Tom à la ferme se présentait comme un sacré défi. Après trois films très personnels, exubérants et chatoyants, Xavier Dolan s'est donc attaqué à l'adaptation de cette pièce de théâtre. Laissant presque de côté les essais stylistiques si caractéristiques de ses trois premiers opus, notre petit québecois nous livre un film glauque, malsain et sombre.
Le talent de Xavier Dolan, il est intact. Toujours là, bien présent, indéniable. Le film est vraiment bon. Réussi, inquiétant. Mais, beaucoup moins personnel que les précédents et orienté vers le film de genre, Tom à la ferme est parfois un peu inégal. Comme si Xavier Dolan n'avait pas vraiment réussi à aller au bout de cette ambiguïté parfois transmise de manière un peu maladroite. Quand Tom, par fascination malsaine ou par pur masochisme, décide de rester à la ferme, puis lorsque tout aussi brusquement il décide de partir, Xavier Dolan va un peu trop vite. Peut-être moins à l'aise lorsque l'histoire de son film ne vient pas de lui, il a tendance dans ce film à nous laisser un peu sur notre fin. L'étrangeté et le caractère malsain des relations est dans un premier temps parfaitement entretenu et perd un peu de son intérêt par moments, notamment à cause d'une évolution bien trop brutale pour être compréhensible et entendue.
Cependant, les effets typiques au genre du thriller sont globalement bien maîtrisés par un Xavier Dolan qui est toujours aussi bon mais qui a quand même encore beaucoup à prouver. Dolan a l'intelligence, avec cette fin, de ne pas trop en dire, de rester dans le mystère, l'inexplicable et le non-dit, et nous laisse finalement dans un état de malaise, de doute plutôt représentatif du film.
En espérant que "Mommy" nous réjouisse.
PS: Si quelqu'un a pu voir le plan de la portière dans le ciel, visible dans la bande annonce mais pas dans le film, qu'il me le dise: l'absence de cette image m'intrigue terriblement.