Pâques, grisaille, rhino, et carte UGC illimitée 1/3
Samedi. Je me remets doucement de la crève qui m'a fichu au lit hier. Encore mal à la gorge, encore le nez qui coule. Dehors, il vente. Le soleil alterne avec les nuages. Alors je vais au cinéma. Tom à la ferme. D'avoir vu le trailer, je m'attends à un film angoissant, voire difficilement soutenable. Mais n'écoutant que mon courage à deux mains (je sais, ça n'a aucun sens), j'y vais.
Première scène, chair de poule : une reprise a capella des Moulins de Mon Coeur, de Michel Legrand (http://www.senscritique.com/morceau/Les_Moulins_de_mon_coeur/1017483). Allez savoir pourquoi, je suis incapable d'écouter les paroles de cette chanson, et elle me fait vibrer. Tom est en voiture. On apprendra plus tard qu'il se rend aux funérailles de son chum (son mec). Sur place, l'atmosphère est froide, humide, inhospitalière. La photographie est terne, Xavier Dolan a les cheveux sales et délavés. C'est boueux, ça sent la bouse de vache. Tout est fait pour mettre mal à l'aise et la musique aide bien (http://www.senscritique.com/album/Tom_a_la_ferme_Bande_Originale/11086740). La première douche de Tom à la ferme nous rappelle qu'Hitchcock n'est pas loin.
Le reste du film, c'est l'emprise qu'aura Francis, le frère du défunt, sur Tom. Entre brutalité et complicité, on le voit tisser son contrôle sur Tom qui se laisse enfermer dans ce syndrome de Stockholm, fasciné par Francis, sa ressemblance avec son frère, sa violence latente. Pendant tout le film, on se demande ce qui attend Tom, on se questionne sur ce qui motive sa servitude volontaire, on a envie de lui dire ''Mais t'es con ou quoi ? Casse toi de là !''. La tension est permanente, sous jacente, on s'attend au pire pendant tout le film. Xavier Dolan est surprenant par sa capacité à nous proposer des films toujours très différents les uns des autres. Il est parfois agaçant, et pourtant, le talent est indéniable.
Pour la suite du week end, c'est ici : http://www.senscritique.com/film/Eastern_Boys/critique/32235276