La tension au pays des vaches
Changement pour Dolan!
Un titre qui s'annonce pourtant bucolique mais la face inquiète de Dolan nous annonce la couleur: ce film n'est pas joyeux. Non pas qu'il ait pour habitude de donner dans le frais et le gentillet mais la tension présente dans ce film est différente: elle provient de l'extérieur et elle est inquiétante.
Tom est à la ferme, de la ferme, la première chose que l'on voit est une vache morte, traînée par terre. Une ferme vide, un ciel gris, un homme qui pleure appuyé contre la porte de sa voiture... L'ambiance se campe ainsi.
Mais la tension ne monte que lorsque le frère, Francis, apparaît. On ne voit d'ailleurs pas son visage tout de suite: sa première apparition se fait dans le noir et, à la seconde, le champ de la caméra le coupe au-dessus du torse: un corps musclé, une voix agressive, sans visage.
Le film se penche surtout sur la relation malsaine qui s'installe entre Tom et Francis. Très opposés dans leurs physiques, leurs façons de vivre, leurs caractères, ils se lient pourtant d'une façon glauque et Tom ne parait pouvoir jamais s'échapper. Francis le retient auprès de lui par des menaces, la persuasion... Il va même jusqu'à détruire sa voiture pour qu'il ne puisse pas partir.
Un mystère plane au-dessus de Francis. Personne ne rentre à la ferme, mais personne n'en sort non plus.
Les plans de très près nous plongent dans l'action, dans la tension... Dolan entretient le "pas tout à fait sûr". Que pensent exactement Tom et Francis l'un de l'autre? Le côté instable de Francis, un coup gentil, un coup violent, un coup protecteur, un coup gentil fils serviable ne le rend que plus imprévisible et effrayant. On ne peut pas prévoir ses actions et réactions, situées entre le sensuel et la violence. A certains moments, on se questionne: va-t-il le violer? L'embrasser? Le rapport dominant/dominé renforce cette impression. En effet, Tom ne peut se défendre et en vient même à adopter les points de vue de Francis, notamment à la venue de Sarah.
Une ambiance et des personnages très subtils, comme d'habitude. Des plans très beaux, rien de superflu, du très bon jeu d'acteurs...
Cinq films et on peut déjà se le demander: Qu'est-ce que Dolan ne sait pas faire?
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