Sous des allures de modeste série B au casting de seconde zone se cache un film remarquable à plusieurs niveaux. Déjà, George Sherman livre une histoire entièrement tournée en extérieurs, dans les vertes collines du Dakota du Sud, les seules scènes d'intérieur se déroulant dans un fort des Tuniques bleues. En termes de grands espaces, on est servi !
Le scénario, ensuite, est remarquablement écrit, concis (1 h 22), et propose un éclairage fort intéressant sur un épisode des multiples conflits entre l'armée américaine et les Indiens après la guerre de Sécession. De l'or ayant été découvert dans le Montana dès 1862, une piste baptisée Bozeman Trail est tracée à travers le Wyoming, au sud, pour faciliter l'accès des prospecteurs. Or cette route traverse les territoires des Sioux, qui voient la chose d'un mauvais œil. Contrairement aux promesses du gouvernement américain lors des négociations avec les locaux, les militaires érigent trois forts, dont le fort Phil Kearney où se déroule le film, pour protéger la piste. Cette trahison provoque la colère des Sioux qui, sous la houlette de leur chef Nuage rouge, entrent en guerre. Le film relate donc grosso modo ces événements jusqu'au dénouement du conflit, le traité de Laramie en 1868 qui interdit aux Blancs de pénétrer dans les territoires indiens, et qui sera violé quelques années plus tard à l'occasion d'une nouvelle découverte d'or...
On suit donc les vaines tentatives de Jim Bridger, un célèbre mountain man proche des Sioux, pour tenter de trouver une solution pacifique. Interprété avec conviction par Van Heflin ce personnage est très intéressant : méprisé des Blancs en raison de sa proximité avec les Indiens, il est à la recherche d'Alex Nicol, un militaire vicieux ayant participé au massacre de Sand Creek en 1864 (événement d'ailleurs raconté dans l'excellent Soldat bleu de Ralph Nelson). Preston Foster en colonel de l'armée un peu dépassé par les événements tente de les empêcher de s'étriper, tandis que la pulpeuse Yvonne De Carlo, qui passait par là sur son chariot, apporte une touche de douceur féminine bienvenue dans ce monde violent.
On regrettera finalement que Tomahawk ne soit pas plus long, plus spectaculaire, plus bref ambitieux, car il n'est déjà pas loin d'atteindre l'excellence des premiers westerns ouvertement pro-indiens, La Flèche brisée et La Porte du diable sortis l'année précédente.