De nombreux cinéastes de talents se sont déjà bien cassés les dents à tenter de transposer des jeux vidéos sur grand écran. Lara Croft a déjà échoué à deux reprises à s’imposer au cinéma malgré deux itérations signé Simon West et Jan de Bont pour le résultat qu’on leur connaît, tandis que son homologue masculin Indiana Jones à l'inverse n’a jamais sût réellement conquérir l’univers du jeu vidéo. Le problème c’est que Tomb Raider a toujours souffert d’intrigues capillotracté, prétexte à une série de jeux mêlant phases d’action, plate-formes, réflexion et énigmes. Ses créateurs ont toujours assumés leurs influences de prédilection pour laisser libre cours à une part d’excentricité que ce soit en emmenant Lara Croft à la rencontre du monstre du Loch Ness, des aliens de la zone 51, des mutants et créature protéiforme en Antarctique, quant elle ne devait pas affronter un mafieux italien réincarné en dragon crachant des flammes de l’enfer, et je ne parle même pas des atlantes, dinosaures, yétis, jiang-shi, momies, et autres divinités égyptiennes intégrant le contingent d’espèces en voie d’extinction que l’héroïne s’empresser de neutraliser avec ses deux pistolets. Puis Square Enix est arrivé pour faire table rase du passé afin de faire de sa jeune héroïne une icône féminine débarrassé de son physique de groluche. Ce reboot avait tout de l’origin story, à la fois rite initiatique et récit de survivaliste en herbe digne de Robinson Crusoé.


C’est donc cet opus que Roar Uthaug a pris le partie d’adapter afin de mener Lara Croft sur les traces de son père sur une île du bout du monde où elle devra arpenter de nombreux dangers, réaliser de périlleuses acrobaties, échapper à des pièges mortelles, ou bien résoudre des casses têtes compliqués afin de percer l’ouverture d’un tombeau séculaire qu’elle s’empressera de profaner. Comme d’habitude, elle y mènera une armée de méchants trinitaires désireux de s’emparer du mal ancestrale qui s’y terre (un virus mortel) afin de réduire le monde à néant et il lui faudra donc tout faire pour les en empêcher. Inutile de dire que sans elle, il n’y aurai probablement jamais eu de Covid-19 et que le monde ne s’en porterait pas plus mal. Ce qu’elle perdait en mensurations devait normalement lui permettre de gagner d’avantage en agilité, supplément d’âme, caractère, psychologie, authenticité… Mais le réalisateur norvégien ne s’est pas seulement contenter d’effacer ses attributs, il semble également avoir oublié ce qui faisait le charme et l’attrait des jeux vidéos, et nous ne pourrons même pas nous consoler sur les roploplos de la plantureuse Angelina Jolie qui avait au moins pour elle ce jeu de la séduction fatale. On lui sera néanmoins gré d’avoir sût malmener l’héroïne plus que de raison. Il n’y a que les vieux de la vieille comme moi pour apprécier de voir Lara se changer en or sur la main de Midas, se briser les deux jambes après un saut mal négocier, s’empaler contre une paroi de piques acérés ou bien se faire écraser par un énorme rocher. Evidemment, le cinéaste n’ira pas aussi loin puisque Lara ne dispose pas de son carnet magique de sauvegarde ni même des sables du temps de Prince of Persia pour revenir quelques instants plus tôt avant l’instant fatidique de son trépas.


Malheureusement et à défaut de nous offrir le meilleur du jeu vidéo, le réalisateur nous dispense de ses pires tares : un scénario dirigiste au possible, un antagoniste peu charismatique (Walton Goggins nous avait habitué à mieux), des fusillades génériques et des money shot certes spectaculaire mais qui souffrent de leur surabondance de CGI. Pire encore est la relation entre l’héroïne et son père qui en ressort totalement démystifié, et celui qui portait l’aura d’un archéologue et explorateur ingénue sera réduit ici à l’archétype d’un ermite pas net digne du personnage de Ben Gunn dans l’Île au trésor de Robert Louis Stevenson. Finalement plus personne ne se souvient déjà de ce Tomb Raider probablement aussi parce que la 3D n’y était pas très bien exploité ce qui rendait le film bien moins immersif que prévue. Pour ne rien arranger, le décor est bien souvent aussi terne que le reste de la photographie. Une déception quand l’idée de parcourir une jungle luxuriante et des ruines antiques avait clairement de quoi susciter l’émerveillement. Ça fait quand même mal de se dire que Benjamin Gates faisait bien mieux de ce côté là. Comme-ci se mettre à dos le public ne suffisait pas, le réalisateur ira même jusqu’à adresser une pique aux gamers dans une séquence où l’on voit une meute de mâle alpha en vélo cherchant à s’emparer de la queue de Lara. Une manière assez peu subtile de montrer que la gente masculine n’en avait qu’après son derrière. Le naufrage sera néanmoins évité de peu ; enfin façon de parler ; même si cette aventure s’apparente plutôt à une longue cinématique un peu fade que l’on préférera switcher de la manette et qui devrait rapidement finir par tomber dans les limbes d’une oubliette.


Si toi aussi tu ne te retrouves plus dans l’état de déliquescence actuel de notre société et que tu considères que le monde a besoin de héros, qu'ils soient violents, gros, cons ou attardés mentaux... L’Écran Large te fera passer de zéro à héros, car il suffit d'un collant et d’un peu de matière grise pour changer de peau !

Le-Roy-du-Bis
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le 26 juin 2024

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