La Genèse de Lara Croft

Tout le monde croit connaître Lara Croft et son histoire, pourtant une nouvelle adaptation, prévue depuis un bon moment, vient de faire surface et remet certaines chose en cause. J'avais des attentes, comme tout le monde, mais j'avais surtout des a priori : Alicia Vikander, pour moi, allait surprendre les spectateurs et clouer le bec de tout ceux qui critiquaient la taille de sa poitrine (sexisme quand tu nous tiens). Parce que c'est une actrice extrêmement douée, et elle a su le prouver à maintes reprises (cf Ex-Machina et Danish Girl entre autres). Seulement voilà... elle n'avait jamais tourné dans un film d'action (si l'on oubli le récent Jason Bourne dans lequel elle joue une sorte de cyber geek des renseignants des USA), alors ça fait peur, je peux comprendre ça. Avec sa bouille d'ange, sa peau halée et sa douce voix, elle avait tout l'air de quelqu'un d'autre mais pas de Lara Croft, l'aventurière anglaise téméraire et rentre-dedans.

Sauf que ce qui n'a pas été saisi par la plupart des gens, c'est que ce film est la genèse de Lara Croft avant qu'elle ne soit Tomb Raider ("pilleuse de tombe"). Avant d'être une combattante amoureuse de la nature et de la mythologie architecturale, Lara était une jeune femme paumée, profondément blessée par la disparition de son père et par le fait de vivre sans parents en fait, tout simplement. Qui de mieux pour incarner une âme en peine qu'Alicia Vikander, l'actrice dont le seul regard triste vous brise le coeur ? Pour ce qui est de l'apparence physique, musculeuse et du côté cascadeuse de Lara Croft, ne vous en faites pas, l'actrice suédoise s'est longuement préparée (7 mois de régime diététique et de sport intense pour 10 kilos de muscle gagnés), tout comme s'était préparée Angelina Jolie pour les deux précédentes adaptations. Ce Tomb Raider est donc devenu féministe alors que les jeux vidéos étaient sexistes. On parlait de Lara comme d'une aventurière sexy, alors qu'aujourd'hui on en fait une héroïne forte.

Bien sûr, le film a des torts. La première partie du film est un peu longue, faut le dire, on a envie, comme dans les anciens films, d'entrer dans le vif du sujet rapidement, et visiblement la scène de combat de boxe n'est pas suffisante... Mais cette première partie était nécessaire pour plaire aux téléspectateurs qui ne connaissent pas le contexte de l'histoire, ce que la première adaptation ne fait pas vraiment. (La première scène du film fait néanmoins écho à la première scène de Lara Croft : Tomb Raider qui montre Lara en plein entrainement contre un robot).

Ce qu'il manque cruellement à ce Tomb Raider ce ne sont pas les énigmes qui sont au contraire très présentes, mais l'aventure, la découverte, le fantastique quoi ! C'est vrai Lara affronte des forces surnaturelles dans les jeux vidéos, des animaux, en plus des hommes sanguinaires et un peu fous. Le côté survival des jeux reboot n'apparait pas ici et c'est vraiment dommage car c'est ce qui aurait donné du cachet au métrage. Mais le film était censé être autorisé aux ados de 13 ans... (alors que les jeux ne sont pas recommandés aux jeunes de moins de 18 ans), alors effectivement, ça bloque les possibilités horrifiques et sanglantes. J'en aurai voulu bien plus !

Les scènes d'action sont bonnes, avec un suspens marqué mais court, et un côté qui relève de l'exploit : c'est vrai quoi, les sauts que fait Lara ne sont pas anodins. Mais on le conçoit, après tout c'est une super-héroïne. Ce qui est moins réaliste c'est que Lara parte seule avec Lu Ren, un alcoolique, sur un vieux rafiot pour affronter la mer du Diable... euh dans le jeu ils étaient bien plus nombreux (ils sont 7 en tout si je me souviens bien), ce qui est plus plausible pour manœuvrer un bateau et survivre à une tempête. Et la fin, la fuite de l'île, est vraiment une facilité scénaristique qui se moque du jeu vidéo. Faut pas oublier que Lara essai je ne sais combien de fois de faire venir des sauveurs qui ne parviennent jamais à atteindre l'île japonaise en vie...

Moi qui ait adoré le jeu à la tournure effrayante et à l'ambiance dépaysante, le métrage manquait de ce mordant. On ne voit pas grand chose de l'île qui est censée être "ensorcelée". A part des arbres et quelques ruines, on ne voit rien d'aussi grandiose que dans les jeux. Elle parait banal en fait.

Je tiens quand même à dire que je suis satisfaite de la prestation d'Alicia Vikander qui s'en sort comme un chef, avec une aisance translucide et un grain de douceur qui lui va si bien. Dommage que les flash back un peu trop nombreux alourdissent le côté dramatique du scénario. S'il y a bien un deuxième opus de prévu, comme le présage la scène finale, alors je pense qu'il sera bien plus musclé et semblable aux derniers jeux-vidéo en date, en tout cas je l'espère !