Subtil et fascinant
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Le cinéma de Céline Sciamma est celui des seuils, des identités qui s’inventent et qui se créent. Tomboy s’inscrit dans cette continuité, capturant un moment où Laure devient Mickaël, où le corps se plie aux désirs intérieurs, avant que le monde ne vienne rappeler ses règles.
À hauteur d’enfant, Sciamma filme l’identité non comme une certitude mais comme un élan, un jeu sérieux. Dans cette fable naturaliste, la caméra ne tranche jamais, elle accompagne, capte l’essentiel sans le surligner. Ici, l’identité n’est ni un manifeste ni un débat, mais un état, une exploration où tout semble possible jusqu’à ce que le réel impose ses contours.
L’épure est la langue de Sciamma, son art de la retenue construit ses silences. La caméra ne s’attarde pas, elle laisse advenir. Dans Tomboy, pas d’explication sur l’élan de Laure vers Mickaël, pas de justification ni d’argumentation.
Cette mise en scène discrète, fluide, donne au film une sensation d’évidence. Rien n’est forcé, rien n’est démontré, et c’est là que réside sa force. En s’attachant au sensible plutôt qu’au discursif, Sciamma touche à une vérité universelle : l’enfance est un territoire mouvant où l’on tente, l’on s’égare, l’on se cherche, avant que les frontières ne se referment.
Il y a chez Laure/Mickaël une liberté désarmante, celle d’un enfant qui n’a pas encore appris à voir le monde comme il est censé être vu. Se fondre parmi les garçons n’est pas une provocation, ni même une revendication, c’est un geste naturel, un prolongement d’un soi intérieur qui refuse l’étau des assignations.
La mère, pivot du récit, incarne ce tiraillement. Elle ne condamne pas, mais elle corrige. Son regard n’est pas celui du rejet, mais de l’inquiétude, du poids du monde qui s’infiltre dans l’espace préservé de l’enfance.
Chez Sciamma, l’émancipation se heurte toujours à une frontière, une limite qui rappelle que l’identité ne se construit jamais seule, mais dans un dialogue, souvent conflictuel, avec le réel.
Simple en apparence, immense dans son retentissement, Tomboy dit ce que le cinéma dit de mieux.
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hier
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