Retour au western avec une petite série de quatre westerns de Ray Enright.
Ce metteur en scène a touché un peu à tous les genres cinématographiques jusqu'aux années 40 où il se consacre plus spécialement au western.
"Coroner Creek", dont le titre français est plus ronflant avec "ton heure a sonné", raconte l'histoire d'un cow-boy (Randolph Scott) qui, après avoir perdu sa fiancée, n'a plus qu'un seul objectif, c'est de retrouver l'assassin et de la venger.
Si j'en crois Patrick Brion et Bertrand Tavernier dans les bonus, ce western a contribué dès 1948 à déterminer certains rôles de Randolph Scott pour la suite de sa carrière avec André de Toth et surtout Budd Boetticher. En effet, on ne comptera plus le nombre de films où le personnage interprété par Randolph Scott passera son temps à traquer les assassins ou les kidnappeurs de son épouse …
On est en 1948, dans une structure de western bien conventionnel avec un beau technicolor. Cependant, il faut noter une certaine âpreté dans le ton général du film. D'abord, le personnage joué par Scott est très sombre. Il porte en lui une grande violence sous ses airs nonchalants ; bien sûr, on ne voit pas la violence s'exercer explicitement mais elle est suggérée dans la mise en scène ou encore entendue ; par exemple, la bagarre sans concession avec un cow-boy hargneux se termine par la main de Randolph Scott écrasée ; ce dernier n'aura de cesse de lui rendre la pareille. De même, la scène où Scott interroge brutalement un adversaire en le menaçant de l'ébouillanter avec une poêle qui chauffe sur le feu …
Un autre point, à la fois insolite et classique, c'est l'importance des trois rôles féminins. Ils donnent de l'épaisseur à l'intrigue mais surtout ils apportent une caution morale aux agissements mystérieux de Randolph Scott dans son rôle de vengeur taciturne et taiseux. En particulier Marguerite Chapman, intriguée (et intéressée) par le bonhomme, essaie de le raisonner et de le faire abandonner cette loi du Talion qui a submergé le personnage de Randolph Scott.
C'est George Macready qui tient le rôle du méchant habilement mis en scène puisqu'il nous est d'abord décrit "Big, strong, yellow hair, blue eyes and a scar on his right cheek" que Randolph Scott répète inlassablement. On le découvre de dos puis parlant mais dans l'ombre avant de le découvrir complètement et de vérifier la conformité à la description.
Le truculent Edgar Buchanan va jouer le rôle du shérif corrompu par Macready
C'est d'ailleurs un peu la force de ces petits westerns de cette époque de rassembler un casting d'acteurs qu'on peut admirer dans des tas d'autres films.
Au final, ce n'est probablement pas un très grand western mais il possède diverses singularités tout-à-fait captivantes. Et puis un western avec Randolph Scott n'est jamais anodin.