Il est parfois difficile de comprendre l’emballement général de la critique pour une œuvre ou pour un cinéaste. Ici, vu son profil peu commun dû à son très jeune âge (à peine vingt-trois ans quand il a tourné « Toni en famille »), c’est peut-être une sorte d’encouragement ou une sorte de plus grande complaisance. Dans ce cas, soit. Déjà, avec son premier film tourné alors qu’il n’avait même pas atteint la vingtaine (« Les Drapeaux de papier »), on avait été que très peu convaincu même si on sentait qu’il y avait une grande maturité et une envie criante et passionnée de faire du cinéma. Nathan Ambrosioni pourrait donc s’améliorer avec le temps et à chaque film car il y a quelque chose c’est certain et on le voit avec ce « Toni en famille » déjà bien meilleur et abouti que son premier essai. En revanche, de là à crier au génie comme beaucoup de spectateurs professionnels, il y a un (grand) pas que l’on ne franchira pas.


Bourré d’énergie et portée par son actrice incroyable, « Toni en famille » est une chronique familiale solaire et juste qui n’est pas loin de lorgner sur les fameux feel-good movie à l’américaine mettant en scène des familles dysfonctionnelles mais pleines de cœur (« Little Miss Sunshine » ou « Happiness Therapy » pour n’en citer que deux). La première séquence est d’ailleurs un petit bijou de mise en jambe cinématographique. En un plan fixe sur un habitacle de voiture, il nous présente cette famille faite d’une femme veuve et célibataire et de ces cinq enfants dans une cacophonie à la fois drôle et joyeuse. Dommage d’ailleurs que la suite du long-métrage ne soit pas du même acabit. En effet, le film se regarde bien mais il y a des petites chutes de rythme et beaucoup de répétitions sur la seconde partie à tel point qu’il finit par tourner en rond. Il y a également un manque criant de ressorts narratifs pour renouveler notre attention. Et, pour une comédie dramatique, si l’émotion affleure par instants, le long-métrage manque tout de même de rires et de sourires.


Le bon point incontestable de la seconde œuvre de Nathan Ambrosini est son casting et sa direction d’acteurs. Diriger des adolescents et des enfants n’est pas forcément une mince affaire et il a su choisir ses jeunes comédiens parmi les meilleurs du moment à l’instar de Thomas Giora découvert dans la claque « Jusqu’à la garde » ou encore Louise Labeque révélée dans « Annie Colère ». Tous les cinq sont excellents mais le liant de « Toni en famille » c’est bien sûr la Toni du titre incarnée par une Camille Cottin encore une fois formidable. Elle porte littéralement le film sur ses épaules en mère courage qui va tenter de reprendre un travail plus payant tout en élevant sa portée. Elle irradie le long-métrage de son naturel et de son jeu lumineux et tendre. Parfois un peu trop proche du téléfilm visuellement, le film s’en extirpe par quelques jolis plans et sa bonne humeur généralisée mais entendons-nous que tout cela n’a rien d’exceptionnel non plus. Plaisant et sympathique mais c’est tout!


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JorikVesperhaven
6

Créée

le 6 août 2024

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Rémy Fiers

Écrit par

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1

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