Film de privé, Tony Rome est dangereux applique la recette de l’intrigue embrouillée, des pépés, du whisky, des coups fourrés, des coups de poing et des coups de crosse par derrière, le tout (et c’est plutôt original) sous le soleil de Miami. Si l’histoire manque hélas d’intérêt (comme dans beaucoup de films de ce genre), on regrettera surtout le manque d’épaisseur (voire d’intérêt) des personnages constituant la faune gravitant autour du privé. Un privé qui, pour le coup, sous les traits d’un Franck Sinatra, impeccable de cynisme et de « cool attitude », attire toute l’attention.
Et c’est à travers ses yeux qu’on contemple une société glauque, une fois qu’on a gratté le verni du soleil de Floride se réfléchissant sur les voitures rutilantes, les villas clinquantes et les tenues chics de ces dames. Un regard désabusé où finalement rien ne semble trop grave : ni les coups tordus, ni les morts, ni les échecs amoureux. Si le parti-pris est intéressant, il invite cependant aussi le spectateur à tout prendre à la légère et à ne plus prêter intérêt à grand-chose, et notamment à ce qu’on lui montre.
On finit donc par regarder tout ceci d’un œil presque distrait, appréciant l’ambiance générale, mais définitivement désintéressé par une intrigue décevante qui s’achève platement. Davantage d’action ou de rebondissements auraient certainement contribué à rendre l’ensemble plus palpitant. Reste un film plutôt esthétique, agréable à suivre, parfois amusant et qui est aussi un témoignage nostalgique d’une époque entièrement révolue.