Bien accueilli par la critique et plébiscité par le public, le film associe à Sinatra, la superbe Jill St John (qui sera ensuite James Bond Girl dans « Les diamants sont éternels »), Gina Rowlands (célèbre notamment pour avoir été la muse et l’épouse de Cassavetes) et Richard Conte (qui fut un pilier apprécié des films noirs des années 50). Je ne résiste pas à citer aussi les « characters » familiers de cette époque Simon Oakland et Robert J. Wilke ainsi que Sue Lyon qui fut la Lolita de Kubrick.

Tony Rome est dangereux est le premier d’une série de trois films policiers du trio composé de Gordon Douglas (réalisateur), Aaron Rosenberg (producteur) et Frank Sinatra (acteur), les deux suivants étant « La femme en ciment » et « Le détective » sortis en 1968.
Cinéaste très prolifique (une petite centaine de films), Gordon Douglas a œuvré efficacement dans tous les genres et laisse des films qui, s’ils ne sont pas marquants, ne sont jamais ennuyeux, ce qui est déjà bien. A juger, dans le western (La diligence vers l’ouest, Barquero), la parodie d’espionnage (F comme Flint), le fantastique (Them – Des monstres attaquent la ville) ou le polar pur (San Quentin, Appelez-moi M Tibbs). Avec « Tony Rome », en scope-couleurs, il nous offre un Sinatra dans un rôle taillé sur mesure à partir d’un roman signé justement Anthony Rome (alias Marvin H. Albert qui sévit dans le roman de types « Série Noire » ou « western » sous divers autres pseudonymes : Al Conroy, Albert Conroy, Nick Quarry, Mike Barone, Ian McAlister). Treize adaptations cinématographiques d’après ses œuvres sont recensées, dont un classique du western : « le Trésor du pendu » de John Sturges.

Tony Rome est un peu le successeur de la figure du détective privé, tel qu’on l’aime dans les films noirs des années 40 et 50. Plus blasé que ses modèles et ancien flic ayant perdu ses illusions, le privé n’avoue plus que deux motivations : le jeu et les femmes. Rome s’arrange un peu avec les règlements et les lois lorsque cela fait avancer son enquête mais collabore habilement et prudemment avec ses anciens collègues de la police. L’environnement, c’est Miami ; pas celui des agences de voyages, mais celui des tripots, de la drogue, de la prostitution et donc de la violence.
Tony Rome, un ancien flic devenu détective privé à Miami, vit sur un bateau et partage son temps entre les femmes et les hippodromes. Un soir, il ramène chez elle une jeune femme, Diana Pines, qui a manifestement abusé de la bouteille et que son ancien coéquipier a trouvé inconsciente dans une chambre d'hôtel. Le père de celle-ci, le milliardaire Rudolf Kosterman, engage Tony et le charge d'enquêter sur la vie que mène sa fille, afin de découvrir les causes de sa détresse. Mais, lorsque Diana découvre que la broche en diamants qu'elle portait la nuit précédente a disparu, elle demande à Rome de retrouver le précieux bijou. Cette mission va amener Tony à faire de très mauvaises rencontres dans la haute société de Floride
L’intrigue, assez touffue comme c’est la règle du genre, nous donne l’occasion de savourer des bagarres parfaitement réglées, et une violence restant artificiellement légère (ce n’est pas « Le point de non-retour », de la même époque) ; c’est délibéré et l’ironie propre à l’acteur, qui ferait presque passer un meurtre pour un numéro de music hall, n’y est pas pour rien.
En conclusion, mise en scène efficace de variations sur un thème bien classique. L’intérêt de l’enquête est soutenu pendant toute la durée du film. A conseiller.
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le 5 mars 2015

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