Quel pied !
Je n'aime pas du tout le premier Top Gun, sorte de relique kitch des années 80. Je lui préfère Jour de tonnerre, de la même équipe, qui raconte quasiment la même chose, mais qui a le bon goût...
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le 30 mai 2022
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C’était super !
Je suis très agréablement surpris, dans la mesure où je n’avais gardé quasiment aucun souvenir du seul autre film de Kosinski que j’avais vu jusqu’ici (Oblivion – déjà avec Tom Cruise) et que je voyais par conséquent en lui un réal parfaitement quelconque, a priori sans intérêt aucun. N’ayant en outre découvert (et apprécié) le Top Gun original qu’il y a deux jours seulement, je ne nourrissais du coup pour cette suite qu’une curiosité polie, eu égard à sa tête d’affiche, aujourd’hui synonyme d’un minimum d’exigence (les erreurs de parcours restant hélas possibles – je n’ai pas oublié la sinistre Momie de 2017). Concrètement, ce Tom Gun 2 n’était donc pour moi qu’un apéritif bienvenu en attendant le nouveau Mission Impossible l’été prochain. Je n’aurais jamais imaginé en sortir aussi enchanté. Mais le film a fonctionné à fond sur moi, son versant nostalgique y compris. A me faire douter que je n’étais pas un fan du premier qui s’ignorait. Bien que, pour le coup, j’ai sans hésitation préféré celui-ci.
Déjà parce qu’infiniment plus généreux et plus réussi en scènes d’aviation. Le premier ne m’avait pas emballé plus que cela sur cet aspect (plus une seule scène de vol en tête deux jours après son visionnage) mais celui-ci m’en a clairement donné pour mon abonnement UGC. J’ai pris un pied non feint devant chacune de ses – nombreuses – scènes en l’air, toutes impeccablement branlées, d’une générosité, d’une lisibilité et d’une rigueur assez comparables à ce que proposer dans le même temps un Christopher McQuarrie – scénariste ici – sur ses collabs comme réal avec le Cruise. Je me suis retrouvé cloué à mon fauteuil à plus d’une reprise, alors même que je n’ai jamais envisagé une seule seconde que le film puisse mal se finir pour sa tête d’affiche (à l’instar d’un MI). Mais purée, ces scènes d’aviation étaient franchement palpitantes, je me suis bien éclaté. Et certains plans larges, avec un avion qui traverse le ciel/écran de bout en bout sont de toute beauté. D’un point de vue formel, le film est vraiment très propre – et plus jouissif que le premier opus – et ça fait bien plaisir.
Ensuite parce que le film s’avère jongler intelligemment avec son héritage (et le culte de son aîné) et même étonnement efficace sur le terrain de l’émotion. Et je ne pense pas là au personnage de Val Kilmer (acteur qui ne m’a jamais rien inspiré), dont le traitement est au demeurant assez satisfaisant (je n’en dis pas plus mais je n’aurais clairement pas parié là-dessus – même si, a posteriori, ça semble évident), ni à celui de Jennifer Connelly (pour lequel tu sens qu’ils se sont bien fait chier à lui trouver un lien avec le premier film, alors même qu’on t’explique en parallèle que le non-retour de Kelly McGillis dans cette suite résulte d’une intention de se détacher un peu du passé/film original – ben voyons), mais bien à celui de Tom Croisière, pourtant salement tête à claques dans le premier.
Trente-six ans plus tard, Cruise a bien gagné en épaisseur (l’inverse aurait été inquiétant), s’est assagi (et c’est tout à son honneur), embelli (« gneu gneu c’est le botox hein » – silence faquin, et ronge ton frein), et incarne désormais un Maverick nouveau, certes toujours rebelle et narquois (on ne se refait pas), et flamboyant évidemment ; mais désormais mûr et peiné, souffrant à la fois de la tournure qu’a prise sa relation avec le fils de Goose (Miles Teller, très bien) et d’être le vestige d’un monde promis à la casse. Et je dois bien dire que, dans le rôle, Cruise est ici arrivé à m’émouvoir plus d’une fois… Même si, pudeur helléno-chrétienne oblige, j’ai naturellement fait de mon mieux pour rester digne… contrairement à mon voisin de gauche, qui lui s’est abandonné à plus d’une reprise – ce que je ne lui reproche pas, puisqu’il est bien normal de pleurer devant Cruise, l’homme qui fait pleurer les hommes et jouir les femmes, quand ce n’est pas l’inverse (et si cet implacable constat te défrise, rappelle-toi qu’il a à soixante ans un meilleur cardio que toi à vingt et qu’il peut, si l’envie le prend, mettre en cloque ta femme d’un simple sourire là où tu peines encore à trouver son point G après vingt ans de mariage).
Il y aurait encore beaucoup à dire sur son interprète vedette, mais gardons cela pour une autre fois (pourquoi pas à l’occasion de MI7), pour se recentrer un dernier coup sur la réussite du film, réjouissant cocktail d’héroïsme et de loyauté, ponctué d’emballants ballets aériens, et jonglant en outre impeccablement avec son héritage (pourtant pas évident à gérer, vu le culte généré depuis sa sortie par son prédécesseur) : ainsi, la majorité des citations attendues – musicales comme visuelles – sont compilées dans les quinze vingt premières minutes du film, histoire de répondre rapidement aux bas instincts des fanboys avides, pour ensuite se permettre de parler d’autre chose. Avec à la clef un objectif bien plus intéressant que la simple course à la médaille du premier volet. Même s’il faut s’enquiller au passage une nouvelle romance inutile (quoique pas déplaisante – et Jennifer Connelly est radieuse). Bref, on est vraiment sur une suite de qualité, qui respecte profondément le modèle, mais sans en rester prisonnière. Banco !
Voilà voilà. Ce Top Gun 2 s’est ainsi avéré une excellente surprise de mon côté ; une séance pour le moins réjouissante pour un film qui relève à mes yeux haut la main le défi – périlleux s’il en est – de la suite tardive. Et qui, à ce titre, rejoint donc sans plus tarder ses homologues récents Creed, Blade Runner 2049 et Les plus belles années d’une vie. Pas mal !
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Créée
le 29 mai 2022
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