Après une première période hollywoodienne de 1942 à 1950, Jules Dassin s'est exilé en Europe à cause du MacCarthysme et débute une seconde période à partir de 1955 ; il y rencontre Melina Mercouri qui va devenir sa compagne et qu'il fera jouer dans ses films, il y tournera notamment en France un chef-d'oeuvre du polar français : Du rififi chez les hommes qui comportait déja un "cambriolage du siècle", et sans doute que Dassin a voulu rééditer cet exploit avec Topkapi réalisé sous bannière américaine mais au ton cosmopolite dans son décor et surtout son cast (la Grecque Mercouri, les Britanniques Ustinov et Robert Morley, le Français Gilles Segal, l'Autrichien Maximilian Schell et l'Américain Jess Hahn auxquels s'ajoute l'acteur pittoresque et international Akim Tamiroff). Dassin donne même un petit rôle à son fils Joe Dassin qui connaitra ensuite une carrière de chanteur en France. Dans la VF de bonne qualité, il s'est d'ailleurs redoublé en français, et on s'aperçoit que Ustinov qui parlait plusieurs langues, s'est redoublé en français, tout comme Melina Mercouri qui s'est aussi redoublée en français. Tout ça pour dire que au départ, je croyais que ce film était une co-production.
A propos de Mercouri, on peut dire que Topkapi est comme une sorte de festival Mercouri, Dassin ne cessant de la valoriser sous un aspect glamour. Le film se décompose en 2 phases distinctes : la préparation technique et matérielle du cambriolage du célèbre musée Topkapi d'Istambul, avec plusieurs éléments intéressants, et le cambriolage en lui-même, un modèle d'audace et de précision qui reste la partie la plus passionnante parce que pleine de tension et de suspense. La grande scène où Gilles Segal s'introduit dans le musée suspendu à un câble (pour ne pas toucher le sol) est particulièrement prenante, elle a d'ailleurs inspiré Brian De Palma pour celle où Tom Cruise s'introduit dans les locaux de la CIA dans Mission impossible, il l'a revendiqué.
Le casting international, la maîtrise de la mise en scène, le suspense, le ton léger, la petite dose d'humour et la photo du Français Henri Alekan qui restitue la splendeur d'Istambul, ont permis au film d'être considéré par de nombreux critiques comme un des meilleurs "cambriolages du siècle" à l'écran ; le tout est soutenu par une emballante musique "à la grecque", et Peter Ustinov se démarque réellement du cast par son jeu et ses attitudes, ça lui vaudra l'Oscar du meilleur second rôle... j'avoue que j'aime bien ce film que j'ai vu à la télé lorsque j'étais ado et que j'ai revu plusieurs fois par la suite.