Une découverte encore et une revisite du genre polar pour un premier film passé inaperçu.
Laurent Teyssier place son intrigue dans l’actualité des agriculteurs et de leurs difficultés. Lui-même issu du milieu et originaire du sud, il signe un bel hommage à sa région, la dotant d’un soupçon de western, de décors arides, d’une belle photographie, et d'une mise en scène épurée, pour ce faux thriller et vrai drame social. Rappelant le film « petit paysan », et l’isolement face aux difficultés économiques, pour un jeune homme poussé aux dernières extrémités à sauver une activité agricole déjà bien mise à mal.
Le Toril est un espace clos avant de lancer les taureaux au combat, mais les taureaux ne seront, qu'à de rares exceptions, personnages du film ; ce serait donc la métaphore pour Philippe, ce jeune homme tranquille, menant déjà ses petites affaires de culture de cannabis, à se retrouver lui-même dans l’arène, celle des caïds du coin avec lesquels il décidera de s’allier afin de garder ses terres.
Vincent Rottiers fait partie de cette jeune génération d’acteurs aux expressions subtiles, d’une belle sensibilité, qui nous perd parfois quant à ses motivations, taiseux et pugnace, volontaire contre toute attente, mais tous sont à leur place et Tim Seyfi en particulier, impressionne. Inquiétant, bien à l’aise dans son rôle laissant le doute quant à sa dangerosité. Quelques belles trouvailles visuelles, qui viennent secouer le rythme et nous maintient constamment dans des changements de tons, entre scènes silencieuses et dialoguées, scènes violentes et surprenantes,scènes musicales, pour une intrigue qui finalement ne réserve que peu de surprise dans le fond, tout en réservant son suspense. Parti pris judicieux car le cinéaste reste sur sa ligne du drame, pointant aussi l’incommunicabilité familiale. Et tous seront rattrapés par la fatalité.
Car finalement c’est bien là le drame.