Messieurs les Américains, tirez les premiers !
Mer Cruelle m'a donné envie de replonger dans ce classique que j'ai découvert bien jeune à la tv. Ce devait être une de ces journées de vacances de noël, lorsque la TV nous occupait un après-midi avec de vieux classiques, souvent des westerns ou des péplums. J'en avais gardé un bon souvenir d'où un joyeux 7 au moment de l'inscrire ici. Après revisionnage, je ne vais rien changer.
Ce film de guerre fait le pont entre le chasseur et le chassé ; Das Boot traite des sous-mariniers et de leur cercueil froid, Mer Cruelle des destroyers et de leurs équipages gris en chasse de U-Boot, Torpilles sous l'Atlantique offre les deux pour le même prix.
Le film est nettement en-dessous des deux modèles que j'ai cité. Les effets spéciaux sont bons, le casting royal entre Robert Mitchum, commandant US imperturbable et à la science marine infuse et l'immense Curd Jürgens en commandant allemand haïssant les nazis (tiens, j'ai déjà vu ça quelque part ...) et chevalier d'un autre temps.
Le film, justement, est une ode à l'anachronisme.
La réalisation tout d'abord est d'un classicisme à toute épreuve. Le jeu des seconds rôles - soit tout le monde en dehors des deux Stars - est sympa, jamais transcendant, jamais mauvais. Le suspense est guidé à grands coups de musique pompeuse, souvent envahissante, là où Petersen saura plus tard installer le silence entre deux échos de sonars.
Anachronisme encore autour de cette réflexion commune qu'ont les deux commandants sur cette guerre qui n'est pas belle, qui n'est plus héroïque. La tirade de Jürgens sur cette première guerre bien plus sympa lorsque qu'il fallait lancer les torpilles sans l'aide des machines, lorsqu'on plongeait avec une chance sur deux de ne pas remonter, ces regrets à propos qu'une guerre déshumanisée au profit des machines, autant de réflexions pleines d'un charme totalement désuet. Il est d'ailleurs intéressant de noter que si Jürgens déteste les nazis, c'est parce que le système a fait des hommes, des machines justement. Il faut croire qu'en cette année 1957, en pleine Guerre Froide, on se posait des questions sur l'abrutissement des hommes ... Ou alors peut-être que cette guerre Froide poussait à faire des Allemands de RFA des amis contre le communisme ...
Nous assistons donc à un duel d'échec entre deux hommes, un Américains super fort et capable de deviner tous les coups de son adversaire (en même temps il dispose d'un super bateau dixit les Allemands et, il est Américain ...) et un Allemand paternaliste et courageux, bien que n'ayant pas beaucoup d'illusion sur la guerre et son issue.
Un film qui se suit sans déplaisir, offrant une certaine ode à la tolérance et au respect. D'accord, ce n'est pas une oeuvre puissante dénonçant les horreurs de la guerre. Mais cette dernière n'est pas non plus montrée sous un jour héroïque. A voir pour se détendre, pour passer 1h30 sympathique et à comparer à Mer Cruelle et autre Das Boot pour comprendre à quel point ces deux derniers sont excellents. Et puis l'estocade finale a du panache !