Torturer des civils en le faisant proprement, bienvenue chez l’Oncle Sam.

La journaliste Auberi Edler (Le plus grand Lavomatic du monde Berwyn, USA - 2023) revient sur ce que l’on appelle “la torture propre”, une invention qui, comme son nom l’indique, permet d’extorquer des informations sans lui laisser de trace. Cette technique permet aussi de détruire complètement un individu, de le briser, le démolir psychologiquement sans avoir recours à la force physique et sans devoir lui infliger des sévices.

Le film revient aux sources, à l’origine du mal, ce qui a donné l’idée à la CIA d’en arriver là. Dès la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les américains, impressionnés par la capacité (supposés) des soviétiques à extorquer des aveux fabriqués de toutes pièces, décident eux aussi de s’intéresser au lavage de cerveau. La CIA va alors s’associer à des universitaires pour mettre au point des techniques pour briser l’esprit humain sans laisser de traces physiques, c’est ainsi qu'est né le "manuel d’interrogatoire Kubark", codifiant ces pratiques, à travers différentes techniques telles que la privation sensorielle (qui peut aller jusqu’à causer des déficiences mentales graves) et la douleur auto-infligée (par l’immobilité forcée). Par la suite, d’autres techniques seront utilisées telles que la simulation d’exécution, des électrochocs, la torture auditive (avec une phrase diffusée en boucle jusqu’à 500 000 fois), la simulation de noyade ou encore l'hypothermie.

Le film vient rappeler (s’il ne le fallait) que les ces méthodes induisent des effets psychologiques dévastateurs sur les victimes et que ces pratiques étaient effectuées à la fois à Guantánamo à Cuba, ainsi qu'à Abou Ghraib en Irak, avec toutes les répercussions que l'on sait (à moins de vivre de ermite et coupé du monde).

Torture propre : Une invention américaine (2019) aka “Des bourreaux aux mains propres", donne la parole à des historiens, des chercheurs, des avocats, d’anciens bourreaux et victimes. On découvre à quel point les États-Unis étaient dans une paranoïa sécuritaire après le 11 septembre 2001 et comment la série télévisée 24 Heures Chrono à influencé l'opinion publique sur la nécessité de recourir à la torture (et incité l’armée et le gouvernement à s’en servir).

La torture est tellement ancrée dans la mentalité américaine que ni le gouvernement et ni l’opinion publique n’ont jamais cherché à se remettre en question. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour se protéger (ou pour se venger), quitte à bafouer les valeurs démocratiques ?

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le 23 févr. 2024

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