Ambitieux projet que le remake du film culte de Paul Verhoeven. Len Wiseman est le réalisateur des Underworld dont il a également écrit les scénarios. Ces films ont du panache, de l’originalité, et beaucoup de naïveté. Comment s’en est-il sorti ici ?


D’abord le choix des acteurs est pertinent. Colin Farrel, acteur talentueux, mais assez antipathique à mon goût, joue très bien l’ambiguïté d’un agent double. Jessica Biel incarne parfaitement l’oie blanche folle de son homme qui ne le remet jamais en question. Enfin, Kate Beckinsale se révèle beaucoup moins mauvaise en tueuse psychopathe qu’elle ne l’avait été en héroïne vampirette. Elle arrive même à être carrément flippante !


Len Wiseman suit le scénario original à la lettre (les scènes du début sont même de fidèles copies du premier film). Le réalisateur a toutefois transposé l’histoire sur une Terre dévastée par la guerre. Sa seule nouveauté est un ascenseur qui traversa la planète de part en part avec une jolie (mais absolument fausse) inversion de gravité. Il emprunte plusieurs idées à des classiques de science-fiction qui peuvent être vus au choix comme des hommages ou des plagiats.


La ville ressemble à celle de Blade Runner : surpopulation de piétons, grosse diversité ethnique avec des alphabets exotiques (ici russe), pénombre sur laquelle ressortent des pubs en néon, imperméables de plastique transparent, etc. Idem pour les pistolets massifs qui rappellent le monstrueux revolver de Deckard ou la scène de piano chez Hauser pendant son répit.


Les voitures et les ascenseurs sont frontalement pompés sur Minority report sans une once de déguisement (même le design des bagnoles est proche !). Leur utilisation est efficace, mais superbement copiée sur le film dont ils s’inspirent. C’est légal, ça ?


Enfin, le film comprend plusieurs rappels à l’œuvre originale (la prostitué à 3 seins avec la répartie qui va avec ou le désir de Dough d’aller sur Mars).


Ah, j’oubliai les très malheureux uniformes de storm troopers des flics. Je ne sais pas si cette référence à Star wars était voulue, mais elle est navrante (ces fringues sont ridicules dans un monde d’anticipation).


Le réalisateur s’est concentré sur l’action et le spectateur ne reprend quasiment jamais son souffle pendant 2 h. Les ingrédients sont ultra classiques, surtout que le scénario est connu d’avance. C’est prenant, joli, mais l’ensemble souffre malheureusement d’un défaut majeur (même s’il est courant dans les films d’action) : les méchants sont tous infoutus de toucher leur cible à 10 mètres. Les héros passent leur temps à courir en rentrant la tête dans les épaules pendant que les impacts défoncent le mur au-dessus d’eux. Tout le temps. Il faut attendre la fin pour que les 2 héros prennent (en même temps, belle synchronisation) 1 balle dans le bras. De même, vous connaissez beaucoup de PDG qui sont compétents au corps-à-corps ? Cohaagen a un côté solo (si vous connaissez cyberpunk) qui le transforme en boss de fin de niveau. Ce manque de réalisme nuit franchement au film qui, du coup, se regarde comme une sucrerie reposante et broie toute tentative dramatique. Ma foi, c’est pas bien grave, c’est du grand spectacle.

OeilDePatrick
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le 18 juin 2023

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