Le tournage de la grande bouffe avait été si joyeusement ressenti par la troupe que les gais lurons ont voulu remettre le couvert le plus tôt possible. Ascona et Ferreri se sont alors attelés à écrire un scénario encore plus foldingue. Démesuré avec des personnages complètement hors norme, rien que pour donner libre cours à la profusion et l'enthousiasme de ces comédiens.

Entrent dans l'étrange farandole un grand nombre de personnes.
A la production, on trouve Jean Yanne.
A la synchro, Michel Galabru double Paolo Villagio.
Et le casting fait rêver : outre les Mastroianni, Noiret, Tognazzi et Piccoli du film précédent s'ajoutent, mesdames Mastroianni et Noiret, respectivement Catherine Deneuve et Monique Chaumette, Darry Cowl, Alain Cuny, Franco Fabrizzi et Serge Reggiani.

Le parti pris du film est gonflé, provocateur à la sauce Ferreri, il s'agit de transposer le génocide des indiens d'Amérique dans le quartier des Halles, à Paris, au moment de la destruction du site. Ce qui donne lieu à des scènes hallucinantes et d'une étrangeté, voire d'une douloureuse mélancolie, qui sert un peu la gorge. Le parallèle entre la destruction systématique et raciste des indiens et celle de ce quartier ô combien populaire et vivant est comme à l'habitude avec Ferreri d'un humour grossier et réducteur mais qui me plait, que voulez-vous on ne se refait pas.

Il me faut avouer qu'ayant eu à subir l'outrage si je puis dire du visionnage de La semence de l'homme (quelle phrase, nom d'une pipe!), j'ai eu quelques craintes et mis une bonne dizaine de minutes à "accepter le postulat" surréel du film.
J'ai surtout fortement été invité à "entrer" dans le film par l'arrivée si délicieusement bouffone et désopilante de Marcello Mastroianni qui nous joue un Général Custer aux petits oignons, boursoufflé de suffisance et d'obsessions, celle de la charge de cavalerie ainsi que celle de la pûreté que représente Marie-Hélène de Boismonfrais (Deneuve). Leurs échanges sous une sérénade grossière et sexuelle qu'un chanteur folk ne cesse de roucouler à côté d'eux sont succulents.
Il faut voir aussi Serge Reggiani en pagne et crâne rasé psalmodiant vers les cieux les dieux indiens ou Darry Cowl en empailleur d'indiens finissant par s'embaumer lui même sur le champ de bataille.

Bref une comédie qui ne brille pas par sa finesse mais qui mérite le coup d'oeil tant l'euphorie enfantine des comédiens déborde de bonheur.
Alligator
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le 21 févr. 2013

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Alligator

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