Comme le réalisateur Jean-Loup Hubert dans "La smala", Gérard Mordillat ausculte une famille de prolos banlieusards à travers la précarité de son existence et ses liens intra-familiaux distendus. Et, malheureusement, comme Hubert, Mordillat échoue à introduire de l'authenticité dans la comédie de moeurs, comme il ne ne parvient pas à produire une vision satirique cohérente.
Les personnages apparaissent d'emblée comme les premières victimes d'une farce, d'ailleurs jamais drôle, qui leur enlève tout crédit ou intérêt. Le propos social sur le chômage, l'habitat, la délinquance ou les relations familiales perd toute signification -et même en dépit de quelques scènes oniriques, maladroites, destinées à affiner les portraits- par la faute d'une approche caricaturale grossière. D'autant que le réalisateur se disperse dans une succession de figures juste additionnées, inabouties et sommaires, sans souci de cohésion ou de transition élaborée. Cette lacune souligne la faiblesse générale de la mise en scène. Aucun des interprètes n'en sort à son avantage.