Je dois confesser mon ignorance du cinéma africain, qu'on connait très mal dans nos contrées. Touki Bouki est sans nul doute le premier film du Sénégal que je regarde, initiative appuyée par Martin Scorsese. Enfin, sa fondation, qui œuvre pour des films rares.
L'histoire est en somme assez simple ; celle d'un jeune couple, dont le garçon a une moto avec en tête un crâne de vache, qui veut partir vers le France en bateau, et qui se met en tête d'économiser le plus possible, quitte à faire quelques vols.
Le portrait qui est du Sénégal à travers ce film est celui d'un portrait où la violence a l'air d'être souvent là, avec des images parfois dures où des animaux se font égorger devant la caméra, avec le sang qui gicle sur le sol de la boucherie. Mais c'est aussi un pays qui rêve d'un avenir meilleur, à travers cette image idéalisée de la France, représentée par plusieurs chansons des années 20-30, dont Joséphine Baker. D'ailleurs, on y parle aussi bien français qu'une des (très) nombreuses langues du pays, donnant une image cosmopolite.
De par la moto du jeune homme, berger de son état, c'est aussi un road movie, où on admire les paysages désertiques du pays, son extrême pauvreté où les gens sont dans un quasi dénuement. malgré tout, il se dégage une certaine beauté dans cette histoire, qui est celle d'une utopie, mais à la fois une lettre d'amour à un pays, le Sénégal.
Sur la forme, le film est assez rudimentaire, mais il a bénéficié d'une certaine attention critique, au point qu'il a eu un prix au Festival de Cannes de cette époque. Le cinéma est parfois utile dans le sens où il tâte le pouls d'un pays...