Les habitants d'une petite ville hollandaise s'en vont passer un week-end à Paris qui ne sera pas de tout repos.Voilà encore un film qui fait partie des inédits en salles de Jean-Pierre Mocky.On peut se demander ce que le fameux réalisateur-producteur-monteur a voulu prouver avec cette comédie burlesque ratée qu'il a coécrite avec Alain Moury,qui n'est pas le meilleur dans sa spécialité.Que les bataves sont de gros abrutis,ce qui est possible?Qu'ils sont de joyeux drilles,ce qui est moins certain?Quoi qu'il en soit,JPM nous convie à une promenade guignolesque à travers les hauts lieux obligés du tourisme parisien,dans laquelle les personnages se perdent,se croisent et se retrouvent au gré de saynètes qui sont soit muettes soit dialoguées en des langues diverses et variées,sous-titrées ou pas,parfois même en français.Les gags sont donc basés sur la gestuelle et les sons,technique rappelant inévitablement le cinéma de Jacques Tati,mais dans une version dégénérée.Les personnages sont tous affligés de tares et fortement caractérisés,du vieillard pédé à l'alcoolo qui tise non stop,en passant par la fille provisoirement aphone,les obèses qui ne font que bâfrer ou les américains qui se font systématiquement saloper leurs vêtements.On s'intéresse plus particulièrement à un brave fromager dont la famille va éclater,le grand-père retrouvant son ex amant russe,la grand-mère renouant avec son amour italien d'autrefois,la soeur rencontrant le français avec qui elle correspondait et qui n'est pas le bon,et lui-même finissant dans le triolisme entre sa femme et une congolaise insupportable qui le suit partout.Mocky établit le constat pas faux d'un Paris envahi de visiteurs étrangers,d'immigrés légaux ou clandestins,de voleurs,de flics,de dragueurs et d'obsédés sexuels.Pour une fois,il ne s'est pas trop loupé techniquement.La photo d'Edmond Richard ,secondé par le caméraman Jean-Paul Sergent et l'assistant-opérateur Michel Gallois,est à peu près correcte et le montage de JP est assez habile,alternant avec un bon rythme les apparitions de ses nombreux personnages.Plus regrettable sont la musique de bastringue des années 20 de Vladimir Cosma et la synchronisation complètement foireuse de dialogues en décalage complet avec la bouche des acteurs.Mais ce qui surtout ne fonctionne pas,c'est l'humour des situations,chose rédhibitoire en ce contexte.On est loin de la finesse de Tati et la grosse artillerie lourde et grasse déployée par Mocky provoque plus d'ennui que de rire.Il aurait à la rigueur fallu qu'il s'aventure plus loin dans le trash,mais même ça est manqué,le film restant relativement sage.Dommage car certaines scènes confinent au gros délire et laissent entrevoir ce que l'oeuvre aurait pu atteindre.Le casting est des plus baroques,les premiers rôles ayant été confiés à des inconnus qu'on ne reverra plus même chez Mocky.Le réalisateur a préféré ne pas se mouiller et évite de faire l'acteur ici,se contentant d'un caméo à la Hitchcock.On voit passer devant la caméra diverses personnalités telles que le suisse Paul Muller,légende du bis européen qui a tourné des dizaines de films sur plusieurs décennies,le rockeur raté des années 60 Johnny Monteilhet,qui échouera plus tard dans le Big Bazar de Michel Fugain,la hardeuse Mélanie Coste ou un Ludovic Schoendoerffer débutant.Et puis il y a bien sûr toute la vieille garde des fonds d'écran sans lesquels un Mocky n'aurait pas de raison d'être.Ils sont là les difformes,les gros,les nains,les loucheurs,les scrofuleux,les suifeux,les bredouilleurs,les indispensables Dominique Zardi,Jean Abeillé,Jean-Pierre Clami,Jean-Christophe Herberth,Jean-Pierre Le Cloarec,Christian Chauvaud,François Toumarkine,Catherine Lys,Michel Stobac,Freddy Bournane et aussi le critique et historien du cinéma Jean-Claude Romer,qui a souvent fait l'acteur,notamment pour Mocky.