De prime abord, il est très difficile de porter un jugement sur ce film qui n’a comme cohérence que ses incohérences. Mis au parfum dès le début par Steeve Coogan, le spectateur subit ce qui est censé être une adaptation d’un chef d’œuvre du 18ème siècle de la littérature anglaise : « La Vie et les opinions de Tristram Shandy », réputé inadaptable. De là, nous allons suivre toute l’équipe dans les heurts et malheurs de tournage.
Conventionnel ? Que nenni ! Car le traitement est intentionnellement anarchique et déroutant. C’est un véritable jeu de miroirs qui est projeté avec le film dans le film qui n’est qu’un film. La première demie heure est de ce fait difficile à supporter.
Malgré ce handicap, en s’accrochant on pénètre enfin dans ce qui nous apparaît comme la face cachée de la lune. Ce que le grand public n’imagine en aucun cas quand il pense aux coulisses. Ce patchwork de scènes nous montre les états d’âmes d’une équipe, les gros doutes sur le scénario, les rivalités d’égo des acteurs, en passant par le manque de moyen de la production…
Les références cinématographiques sont nombreuses notamment au niveau musical : Nino Rota, la mélodie de Meurtre dans un jardin anglais, Barry Lyndon… On pense à Truffaut avec sa Nuit américaine, à Fellini bien sûr, à Greenaway.
Le ton général est caustique, acerbe. Ce film est un véritable instantané sans concession sur le milieu du cinéma. Et certaines scènes sont tout simplement uniques : une collision entre deux cavaliers, filmée comme un accident de voiture avec un découpage digne d’un film d’action… Rien que pour cette scène, cette curiosité cinématographique mérite d’être vue.