TOUS cobayes et vous ne direz plus que vous ne saviez pas
Jean-Paul Jaud, après la projection, a dit ceci : "Quand un film est bon, on ne ressort pas de la séance comme en y entrant."
Point de prétention en posant la question aux spectateurs. Mais force est de constater que l'homme a (une nouvelle fois) réussi son coup.
En s'attelant aux sujets des OGM et du Nucléaire, le réalisateur de Nos enfants nous accuseront et Severn (entre autres), emprunte des chemins un peu complexes. Suivant depuis les origines l'enquête du professeur Séralini (étude démontée sur commande moins de 48 heures après sa sortie publique et après que les professionnels de la revue qui la diffusait aient mis cinq mois pour en valider les principes), et voyageant au Sénégal et au Japon, on suit le parcours des OGM, dans les champs, chez les dockers, et jusque dans nos assiettes. Le fil rouge se tisse peu à peu, comme une toile qui se referme sur ses proies. Et la proie ici, c'est vous, c'est nous. C'est tout le monde ou presque.
Au choc des résultats de l'étude de Séralini, au danger que les OGM représentent pour la santé (cela semble désormais une chose acquise), aux dangers également auxquels nous exposent les centrales nucléaires et les patrons des entreprises qui les dirigent, pour le profit, le film confronte et expose les luttes pour connaître la vérité, les manifestations pacifiques et les fauchages volontaires, les espoirs et désespoirs de ceux qui ont subi les revers de ces "innovations technologiques" supposées porteuses de bonheur (mais en fait plus porteuses de dangers immédiats et de maladies mortelles), les solutions alternatives qui existent (en l'exemple des fermes agro-écologiques), et les forces dont nous n'usons pas.
En deux heures qui sonnent comme une alerte rouge, Tous cobayes renvoie dans les cordes les défenseurs du "tout pour le fric", ces porte-étendards du "progrès" qui ne sert à qu'à asservir, condamner et tuer des générations entières. Le pire reste à venir, et pas seulement parce que nous ne faisons rien. Les ravages programmés n'ont pas encore tous porté leurs fruits.
Très adroitement monté, servi par une musique et des visuels à couper le souffle, donnant la parole à ceux qui ont tout perdu en acceptant les intérêts des puissants, poignant, Tous cobayes est un coup de poing dans le bide qui donne la nausée. Mais une nausée salvatrice, peut-être. Mémorable sans doute. Alarmiste probablement. Alarmée justement. Une œuvre d'intérêt public qui cloue le bec à ceux dont la force financière leur permet de rouler sur les faits avec pour seule ambition d'augmenter encore et toujours leurs profits.