Est-on plus légitime qu’un autre pour donner son avis ?

Après avoir ausculté et interrogé les cinéphiles d’hier à aujourd’hui dans le documentaire Les éblouis du cinéma (2010), Julien Sauvadon & Jean-Jacques Bernard récidivent et s’intéressent cette fois-ci au rôle et à la place de la critique de cinéma dans le monde d’aujourd’hui.

François Truffaut disait « Chaque français a deux métiers : le sien et critique de cinéma » et c’est on ne peut plus vrai quand on voit à quel point donner son avis sur tout et n’importe quoi à pris une place prépondérante dans notre vie de tous les jours. La critique de cinéma n’est plus l’apanage des médias culturels et des journalistes qui fréquentent les festivals de cinéma aux quatre coins du globe. Affirmer un avis et vouloir le communiquer est devenu à notre époque très facile et quiconque peut désormais prendre la parole et publier sa critique.

Les réalisateurs sont allés à la rencontre des professionnels de la critique, ceux qui donnent leurs avis depuis des années, voire des décennies pour certains afin de comprendre l’enjeu que représente la critique, la défiance du grand public envers elle et surtout, la nouvelle génération qui compte bien faire entendre sa voix. Pour se faire, ils sont allés questionner les critiques du “Masque et la plume” (France Inter), du “Cercle” (Canal+) et bon nombre de journalistes de la presse écrite (Nouvel Obs, Sud-Ouest, Télérama, Madame Figaro, Le Parisien, Les Inrocks, ainsi que le vétéran Michel Ciment de Positif).

Si les médias presse et télé avaient la main mise sur la critique, depuis, les choses ont bien changé, surtout depuis l'avènement d'internet (avec l’émergence des forums et autres blogs), où tout le monde peut s'inventer critique et publier son avis sur les réseaux sociaux (écrit ou vidéo) et d'ailleurs, j'en suis le parfait exemple puisque je publie mes critiques depuis près de 20ans sur différentes plate-formes. Après tout, est-on plus légitime qu’un autre pour donner son avis ? Pourquoi s’en priver, grâce à internet, la critique n’est plus la chasse gardée des professionnels.

« Y a 30 ans, un critique connu pouvait faire ou défaire le succès d'un film, aujourd'hui c'est plus vraiment le cas. »

Pendant un peu plus de 50min, le film donne la parole à divers professionnels, à commencer par les critiques eux-mêmes, un attaché de presse, des rédacteurs en chef (L’Express, Les Inrocks ou encore le regretté Studio-CinéLive), des distributeurs (Gaumont, Studio Canal & Gebeka Films), un écrivain, des présentateurs (dont Frédéric Beigbeder), des blogueurs (In the mood for Cinema), des vidéastes amateurs (BoulevardCritique.com), une agence de communication (Way to blue), le site AlloCiné (qui permet à tout un chacun de donner son avis), ainsi qu’à des membres de la Semaine de la Critique (la section parallèle du Festival de Cannes, créée par le syndicat de la critique de cinéma).

C'est vraiment très intéressant d'avoir le regard extérieur de tous ces professionnels sur les critiques (et ce, quelle que soit leur profession), le fait d’avoir le regard en miroir, à la fois des critiques et des blogueurs est vraiment passionnant et à titre personnel, je me suis totalement reconnu dans certains portrait de blogueurs (que je fréquentais à une certaine époque). C’est impressionnant à quel point ce film peut rester d’actualité, même plus d’une décennie après son tournage.

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