Dans une ville peuplée d’animaux, Buster Moon (voix originale : Matthew McConaughey) ne sait plus quoi faire pour redresser son théâtre au bord de la faillite. Dans un élan désespéré, il décide d’organiser un concours de chant, dont le prix sera de 1000$. Seulement, une inadvertance de sa secrétaire (voix : Garth Jennings, si, si !) inscrit sur les tracts un prix de 100 000$. Tout le monde se presse pour participer au concours. Tandis que Buster se démène pour trouver l’argent promis qu’il ne possède pas, les différents candidats doivent aussi traiter avec leurs problèmes personnels, espérant tous que les 100 000$ qu’ils gagneront leur permettront de tout régler…
Voir les studios Illumination, qui semblaient avoir choisi la voie de la médiocrité en se reposant sur le filon, déjà mort, que constituent les Minions (voir les Moi, moche et méchant et les Minions), proposer ce qui ne semblait rien d’autre qu’une redite de Zootopie version musicale avait de quoi effrayer… Cette crainte était en outre renforcée par des bandes-annonces sans saveur, que l’excessive promotion du film s’était plu à multiplier jusqu’à l’overdose.
Pourtant, deux détails avaient de quoi étonner : la réussite du précédent film d’Illumination, Comme des bêtes, et surtout la présence de Garth Jennings à la réalisation. Il faut dire que ce dernier n’a réalisé auparavant que deux films, mais pas n’importe lesquels : H2G2 : Le Guide du voyageur galactique, une hilarante comédie à l’humour britannique, dans laquelle Jennings illustrait toute la loufoquerie dont il était capable, et Le Fils de Rambow, une comédie dramatique qui montrait son talent à émouvoir son spectateur grâce à des personnages parfaitement écrits.
Dans Tous en scène, Jennings allie la folie du premier à la délicatesse du deuxième. Alors que les précédents films d’Illumination ne brillaient pas par leur finesse, voilà que Tous en scène introduit dans leur filmographie un vent d’émotion tout-à-fait inattendu. En effet, les différents personnages et leurs relations avec leur entourage sont tous décrits avec une justesse incroyable, dont se dégage parfois une émotion forte, l’empathie du spectateur étant vivement sollicitée par chacun des protagonistes du film. Sans jamais (ou presque) basculer dans le pathos, Tous en scène propose donc un spectacle aux graphismes soignés et aux couleurs chatoyantes, mais qui parvient, et c’est là toute son originalité, à ne pas se reposer entièrement sur une bande-son éclectique et électrisante, afin de révéler une véritable profondeur. En plus d'être un bon film d'animation, il est également un superbe feel-good movie, qui met de bonne humeur comme peu de films savent le faire, préférant à la stupide naïveté d'un Dreamworks, la naïveté euphorisante d'un Frank Capra, par exemple...
Avec Tous en scène, non seulement les studios Illumination frappent un grand coup, en se creusant encore davantage une solide place dans le cinéma d’animation contemporain, mais ils montrent en plus qu’ils n’ont rien à envier à des studios Disney. Espérons qu’Illumination aura tiré une leçon du succès de Tous en scène, et multipliera les projets originaux par la suite… En parlant de suite, si Garth Jennings signe celle de ce film, j'en suis !!!