Depuis la mort de sa femme, Sainte Colombe (Jean-Pierre Marielle) ne pense plus qu'à sa musique mais refuse les honneurs et la cour du roi où il est convié. Marin Marais (Guillaume et Gérard Depardieu) va devenir son disciple. Il est l'opposé de son maitre: il rêve de gloire avec son immense talent. Mais Sainte Colombe ne veux pas lui livrer ses secrets à cause de cela....
Révélé au grand public par le biais de polars devenus des classiques (Police Python 357, Le choix des armes ou encore bien sur Série Noire ), Alain Corneau a opéré un grand virage avec "Nocturne Indien". Il confirme ici avec "Tous les matins du monde".
Le cinéaste adapte ici le roman éponyme de Pascal Quignard qui s'inspire de faits réels. D'ailleurs dans la bande originale du film on peut entendre des compositions de Sainte Colombe mais aussi de Marin Marais.
Un des thèmes du long métrage est le deuil. Si Sainte Colombe est devenu aussi dur, froid et intransigeant , c'est à cause de cela. Il ne montre son émotion et sa sensibilité que quand il joue de la viole.
L'autre thème est l'apprentissage. Sainte Colombe n'apprend pas tout à son élève mais il va malgré tout se perfectionner en partie grâce à l'aide des filles de son maitre. Il va même s'éprendre de l'une d'elle, Madeleine (Anne Brochet).
Le film parle aussi de l'amour et même des conséquences que peut provoquer l'absence d'amour à travers le personnage Madeleine...
Et puis le spectateur découvre, ébahi, la viole. Cet instrument procure beaucoup d' émotions: un mélange de violon et de contrebasse.
Le casting est fabuleux. Quelle bonne idée d'avoir engagé Depardieu père et fils pour le même personnage tant il y a une certaine ressemblance entre eux. Guillaume y trouve un de ses plus beaux rôles: à la fois ambitieux et sensible il fait une prestation toute en nuance. Gérard est comme souvent prodigieux et fait un magnifique narrateur puisque "Tous les matins du monde" est raconté de son point de vue. Anne Brochet (césar du meilleur second rôle) est parfaite en femme amoureuse à en mourir...
Et puis bien on trouve Jean-Pierre Marielle qui étonne en homme froid et austère, très loin des rôles truculents ou extravertis qui ont fait sa gloire. Il obtiendra le césar du meilleur acteur.
Parmi les petits rôles on notera l'immense Michel Bouquet, Jean-Claude Dreyffus....
Alain Corneau signe une mise en scène élégante mais aussi austère que Sainte Colombe ce qui pourra rebuter certaines personnes d'autant que le film peut paraitre lent pour peu qu'on n'arrive pas à rentrer dans l'histoire.
Bien que le film ne soit pas commercial, du moins sur le papier, il obtiendra un joli succès populaire avec plus de 2 millions 150 000 entrées grâce à un excellent bouche à oreille et puis bien sur son casting. Cela en fait un des plus gros succès du cinéaste et un des ses films les plus beaux même si il est difficile d'accès. Un classique du genre.