Ils deviennent rares, très rares même, les films engagés et contestataires. Qui plus est sous forme de comédie, c’est encore plus notable. On remercie donc Judith Davis de nous offrir avec son premier film « Tout ce qui me reste de la révolution », une œuvre à caractère fortement politique et contestataire. On pourrait dire que le contenu est d’un autre temps car les idées présentées ici aux relents marxistes, socialistes et communistes peuvent sembler surannées. Mais au final, c’est au contraire galvanisant de voir que de telles idéologies subsistent et que l’envie de changer le monde existe encore chez certains, malheureusement trop rares et devenus trop à la marge. Et l’énergie que déploie Judith Davis également devant la caméra est communicative.
Alors certes, elle aborde beaucoup de sujets et ne les creuse pas tous. Mais ils ont tous en commun de refléter l’arc de la désillusion et de la résignation des jeunes générations dans un monde de plus en plus mondialisé, libéral, individualiste et matérialiste. En vrac, sont citées autour de dialogues incisifs et au débit mitraillette : l’écologie, la mise en commun des ressources naturelles, les oubliés du capitalisme sauvage, les mouvements contestataires tués dans l’œuf, l’abandon de la révolte, … Et bien d’autres choses encore qui allument notre conscience politique et humaine. Les meilleures scènes du film sont d’ailleurs celles du collectif créé par l’héroïne où elle débat de tout un tas de sujets avec des inconnus recrutés dans le rue, c’est drôle, pertinent et juste. Notons aussi l’une des dernières séquences du long-métrage qui semble un peu excessive au début mais qui au final se révèle profondément évocatrice des dérives de notre monde, notamment dans les grandes entreprises. Une séquence qui fait froid dans le dos et tétanise l’esprit de manière utile.
Malheureusement, en dépit d’un fond excitant et engageant, « Tout ce qui reste de la révolution » comporte les nombreux défauts d’un premier film, notamment sur le plan formel. En effet, l’image n’est pas très belle ni soignée mais dans un sens c’est en adéquation avec le côté bordélique de l’ensemble. Et côté scénario, tout cela avance quelque peu à vue. Des passages semblent moins convaincants que d’autres (on aime les retrouvailles mère-fille à la campagne quand on est moins convaincus par l’histoire d’amour à tendance onirique). Mais malgré ses imperfections flagrantes, ce premier film dégage un capital sympathie énorme. Il regorge de petits moments drôles et de répliques qui claquent sans oublier une certaine forme d’émotion emprunte de nostalgie. On sort de la salle avec l’envie de refaire le monde et de se battre et ça ce n’est déjà pas mal.
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