C'est pour moi le meilleur film français vu depuis le début 2016. Le scénario est bon, assez malin (à deux niveaux et double détente), la jeune génération (deux soeurs, l'une financière, l'autre chanteuse, qui flashent pour le même garçon) découvrant petit à petit l'envers des cartes de celle qui l'a précédée (deux mecs, dont leur père, ayant, au temps de leurs débuts dans la vie active, aimé et courtisé la même meuf), le milieu dans lequel tout ça se déroule (ou s'est déroulé) principalement étant celui, très aisé, de la haute finance. Les personnages existent, en tout cas ont une certaine épaisseur... même s'ils sentent un peu trop le cinéma (sont trop nettement dessinés, donc un peu caricaturaux) pour qu'on y croit tout à fait. Les dialogues sont bons, les répliques, parfois, claquent ou fusent comme de vraies gifles ou coups de griffe (je pense notamment au dialogue soudainement très tendu entre Nora et la femme de son patron, alors que celle-ci la raccompagne en voiture chez elle, après, pour Nora, une quasi nuit de travail sur un dossier urgent chez son patron).
Le script n'est pas du tout redondant, avance bon train, toujours à la limite de l'ellipse. Il faut donc être très attentif à son déroulement, sinon on risque de passer à côté de certains pans de l'histoire, d'avoir une impression d'inachevé.
Il y a un casting soigné : une belle brochette d'acteurs et actrices confirmés (notamment Isabelle Hupert, Jean-Pierre Bacri, Lambert Wilson et Pascal Greggory, tous impeccables comme souvent) entourant les trois jeunes : 1. Nora / Agathe Bonitzer, jolie peau, joli teint clair et nez spécial en fouine, parfaite dans son rôle de jeune crack glacée du conseil financier... et accessoirement la fille du réalisateur du film (l'omelette norvégienne, c'est elle), 2. Maya / Julia Faure sa soeur, artiste qui se produit dans une boite de nuit comme chanteuse (dans le film, les deux soeurs sont à la fois très différentes et bien accordées) et 3. dans le rôle du "tombeur irrésistible" (!), Xavier / Vincent Lacoste qui travaille dans la même firme de conseils financiers que Nora et avec qui Maya couche dès le premier soir de leur rencontre mais qui, en fait, va assez vite nouer une vraie relation amoureuse avec Nora. Ça, c'est le premier niveau (le plus évident) du script. J'ai dit qu'il y en avait un second qu'on découvre petit à petit au fil des 98 minutes du métrage. Ce second niveau (même si frisant l'invraisemblance), c'est ce qui donne du sel à l'histoire, qui la complexifie et la fait avancer; vous en découvrirez vous-même les détails en même temps que Nora, les réactions de celle-ci et ce qui s'ensuit.
J'ai trouvé le film intelligent et, comme dit dans le titre de ma critique, brillant et mon dieu, assez plaisant. Cela, malgré un certain manque de naturel dans les réactions spontanées (trop lisses et bien agencées) des protagonistes, voire certaine bizarrerie (une sorte de chien des Baskerville qui se manifeste lors de pics émotionnels de l'héroïne) probablement là pour pimenter l'histoire d'une pointe de fantastique.
P.S. : J'avais écrit une première mouture de ce texte... qui s'est perdue pour je ne sais quelle raison. Il m'a donc fallu, en rechignant, le réécrire, avec le désagréable sentiment de rechercher en vain les mots trouvés la veille.